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riches ce privilège-là n’est plus de mise aujourd’hui ; cela va sans dire ; mais ce n’est pas là une raison pour se présenter à la députation quand on n’a aucunes ressources personnelles. Encore une fois il n’y a pas là une carrière et il ne s’agit pas de savoir si M. Un Tel a la « vocation » du métier parlementaire. Il pourrait bien aussi avoir la vocation d’être banquier ou agent de change. Faut-il que l’état lui en procure les moyens s’il ne les a pas ? Pourquoi ne le ferait-on pas ? Parce que le bon sens général exige qu’avant de charger un homme d’administrer la fortune de ses concitoyens, il ait fait preuve de quelque compétence et de quelque talent dans l’administration de la sienne propre. C’est exactement la garantie que devrait avoir à fournir le futur député. Un parlement moderne n’est autre chose qu’un conseil de gérance publique et l’on ne forme pas un conseil de gérance publique avec des individus qui n’ont pas su premièrement gérer leurs propres affaires.

La mort du Shah de Perse.

Mouzaffer-ed-dine n’était pas le premier venu ; il l’a prouvé par la façon dont il est parti. Sa lente agonie s’est déroulée sans entamer le calme, l’énergie et le sang-froid dont on savait que le monarque persan était capable mais dont il vient de donner en ses derniers jours une preuve manifeste. Quant à la portée politique de son règne, elle dépendra pour une grande part de ce que va être le règne de son successeur. Mouzaffer-ed-dine qui avait succédé en 1896 à son père était encore, à son avènement, un souverain de « bon plaisir » ; il comprit par la suite la nécessité de laisser s’accomplir des réformes que préconisait un groupe d’agitateurs derrière lesquels il était fort possible que se préparât un sérieux mouvement populaire. Ses conseillers l’incitaient à la résistance ; il s’y refusa. La question est de savoir si son fils inclinera ou non vers la réaction autocratique ; il a déjà marqué des tendances inquiétantes à cet égard. S’il en devait être ainsi, l’initiative de Mouzaffer-ed-dine n’aurait servi qu’à compliquer la situation en y apportant les germes d’un conflit entre la dynastie et ses sujets. En cas contraire, on saura gré au Shah défunt d’avoir ouvert la route à une évolution nécessaire. Quant à la politique extérieure du royaume, après avoir reposé sur une base très précaire, elle est aujourd’hui si simple dans ses grandes