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ter une ligne de conduite si opposée. Lord Cromer lui-même sentit la nécessité de certains changements ; il en proposa de fort sages, mais il était trop tard. Il dut résigner ses fonctions comblé d’ailleurs d’éloges et d’honneurs. Désormais donc l’élément égyptien va être admis à jouer un rôle quelconque dans l’administration et le gouvernement. Ne perdons pas de vue que c’est là la rentrée de l’influence française dans les sphères officielles ; et certes les Français ont droit de s’en réjouir sans manquer le moins du monde aux stipulations ou même à l’esprit de la convention de 1904.

Nicaragua et Honduras.

Ces deux pays sont en guerre comme on sait, guerre civile uniquemment déterminée par des divergences politiques. Avec la meilleure volonté du monde en effet il est impossible de considérer le Nicaragua et le Honduras autrement que comme deux morceaux d’une seule patrie. Même sol ou peu s’en faut, pittoresque et montueux, même étendue de côtes baignées par les mêmes eaux, même superficie d’environ 120.000 kilomètres carrés et même chiffre de population (ici 600.000 et là 550.000 habitants). Tegucigalpa et Managua, les deux capitales, sont des villes de 30.000 âmes. Inutile de dire que la race et la langue sont également semblables. La constitution nationale du Honduras et celle des Nicaragua consacrent du reste ces similitudes puisqu’elles stipulent que tout citoyen de l’un des deux États peut être élu député dans l’autre ; enfin un même drapeau symbolise l’absence de frontières réelles. Une seule différence ; la dette du Nicaragua n’est que de trois millions et demi de pesos or alors que celle du Honduras s’élève à cent millions. Mais comme ce dernier pays a contracté, il y a trente ans déjà, l’habitude de n’en plus payer les intérêts, cette différence est devenue théorique et n’affecte personne. En ces parages, on joue à la bataille comme font les enfants. Un temps viendra ou les habitants de ces régions fortunées deviendront les concierges d’une rue interocéanique. En ce temps-là, l’énorme lac du Nicaragua, long de 22 lieues et large de 12, verra passer les steamers de toutes les nations. De l’Atlantique au Pacifique, la voie déjà à demi tracée par la nature aura été complétée par le génie de l’homme. Mais les indigènes regretteront peut-être