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REVUE POUR LES FRANÇAIS

apportant son appui au nouveau cabinet, on peut espérer que celui-ci trouvera la force de présenter et de faire voter des lois propres à remédier intelligemment à l’accaparement des terres. Le nouveau ministère belge n’est issu d’aucune grande secousse et ne voit point se dresser devant lui d’aussi grands labeurs. M. de Trooz remplace le comte de Smet qui était président du conseil depuis nombre d’années et avait fait preuve des plus sérieuses qualités. Sa situation toutefois s’était peu à peu ébranlée. Il se retire, momentanément sans doute, avec l’estime de tous. Quant à la crise hollandaise, elle fut un tantinet ridicule. Ouverte le 11 février, elle n’était pas encore résolue à la fin de mars. La question était si complexe que la Chambre, en reprenant ses travaux, passa quatre jours à l’élucider sans y réussir. À cet incident, il est une morale, c’est que pour changer de gouvernement, il ne suffit point de renverser l’ancien, mais qu’il faut encore pouvoir édifier le nouveau. Les députés oublient fréquemment cette vérité et par fois les chefs d’État la négligent de leur côté. Les élections d’Espagne sont peu satisfaisantes. Sans doute ayant fait passer 262 conservateurs, M. Maura possédera une majorité d’une cinquantaine de voix ; encore faudrait-il être sur que cette majorité sera stable et disciplinée. Mais ce qui va faire complètement défaut, c’est une opposition raisonnable. Le parti libéral qui n’a su profiter ni des circonstances ni de la faveur du roi, est réduit à soixante-trois sièges ; les républicains en ont trente. Enfin, une forte coalition catalane englobant des carlistes et des républicains, va se trouver à même de semer sur le pays la mauvaise graine fédéraliste. Rêver d’installer la République à Madrid est déjà la preuve d’un jugement imparfait, mais rêver d’une république fédéraliste est une pure insanité. L’Espagne est convalescente d’une maladie de langueur, suite d’excès séculaires. Il s’agit avant tout de ne point troubler, sous prétexte de remèdes fortifiants, la réfection naturelle de son organisme.

En Égypte.

Le rapport qu’annuellement Lord Cromer adressait à son gouvernement au sujet des affaires égyptiennes confiées à ses soins, présentait cette fois un intérêt exceptionnel. Le haut commissaire anglais ne manquait point d’y aborder la question de l’attitude à