Page:Revue pour les français, T2, 1907.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée
647
CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

tion a été refusée cette année. Il est peu probable qu’elle soit rétablie.

L’Italie éprouve en même temps sur d’autres points des soucis différents. La grève des aciéries de Ferni présente ceci d’exceptionnel que le personnel a menacé de quitter en masse pour émigrer et, comme l’État s’y fournit de canons et de projectiles, la fermeture même momentanée de pareils établissements serait de grave conséquence. Quant aux troubles de Moldavie, ils ont revêtu un aspect tragique et paraissent nettement antisémite dans leur origine et leur évolution. Quarante mille paysans révoltés ont mis à sac près de trois cents propriétés, et faute d’avoir su prendre en temps voulu les mesures nécessaires, le gouvernement roumain s’est trouvé un moment en face de la situation la plus inquiétante. Il semble qu’il y ait en Moldavie un véritable trust sur les fermages mis sur pied par des israélites autrichiens et qui n’engloberait pas moins de 79 communes. Au dire d’un haut fonctionnaire roumain, 915 fermiers étrangers détiendraient aujourd’hui dans ce pays 855.687 hectares de terre arable « si bien que les paysans ne trouvent plus de terre à cultiver pour leur propre compte et qu’ils sont obligés de travailler pour les trusteurs à des conditions ne leur laissant guère d’espoir de s’assurer quelque bien-être par leur travail ». S’il en est ainsi, l’État roumain qui a loué au trust un domaine de 160.000 hectares, a été bien coupable et bien imprévoyant. Il l’a été plus encore en ne prenant pas dès longtemps des mesures pour enrayer l’usure. Comme le dit fort bien M. Roland de Mares dans l’Indépendance Belge, « à force de prêter à de gros intérêts la fortune des uns passe inévitablement aux mains des autres et quand il se trouve dans une contrée quelques centaines de familles ainsi dépossédées, elles s’assemblent et tentent de reprendre par la violence ce qu’elles ont dû abandonner aux prêteurs. Au fond de tous les massacres d’Arménie, au fond de toutes les persécutions juives, on trouve cette cause première ».

Ministres et députés nouveaux.

Une des conséquences des événements de Moldavie a été de jeter à bas le cabinet conservateur qui gouvernait à Bukarest. M. Cantacuzène a céder la place à M. Demetrius Stourdza, chef du parti libéral. Le groupe conservateur dissident dirigé par M. Carp