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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

tous ou presque tous apportèrent quelque modification de détail à cette organisation difficile. Il s’agissait en somme de mettre d’accord deux ordres de groupements ; d’une part les syndicats professionnels ou syndicats de métiers, de l’autre les bourses du travail des différents régimes et les unions ouvrières englobant toutes les professions. Cet accord a fini par s’établir à mesure que les milieux syndicalistes s’imprégnaient de cette idée qu’une secousse violente était nécessaire pour transformer utilement la société et que l’évolution politique n’y saurait réussir. Nous parlons bien entendu des syndicats rouges car les syndicats jaunes professent une doctrine toute différente et, sans attendre grand bien de l’action politique, attendent grand mal de l’action révolutionnaire. Leur tendance est de se cantonner sur le terrain technique. Ce que représente la Confédération générale du Travail c’est l’effort groupé et global des éléments révolutionnaires. Les gouvernants qui depuis dix ans l’ont laissée se former ont agi avec une nigauderie dont la postérité sans doute se gaussera, mais qui présentement gêne beaucoup leurs successeurs, obligés d’intervenir pour maintenir au moins un semblant d’ordre.

Tout syndicat affilié à la C. G. T. est tenu d’adhérer à la bourse de sa localité. Un comité confédéral composé d’un délégué par fédération ou bourse faisant partie de la C. G. T. l’administre. Les bourses paient 0 fr. 60 centimes de cotisation annuelle par syndicat, et les fédérations 4 fr. 80 par cent membres. Un secrétaire et un trésorier appointés font marcher la machine. En 1899, il n’y avait encore que 21 fédérations affiliées et les recettes se montaient à 3.700 francs. L’année dernière, il y avait 2.399 syndicats représentant un total de 2.030.000 membres, et les recettes se tenaient aux environs de 19.000 francs. Cette organisation peu connue du public et d’ailleurs assez compliquée n’a pris corps devant l’opinion que par les prétentions de certains fonctionnaires, employés des postes, instituteurs surtout — de former des syndicats et de les affilier à la C. G. T. Alors l’opinion a saisi la portée du conflit et les pouvoirs publics ont commencé de s’émouvoir. La partie qui va se jouer est pleine d’intérêt et sera suivie attentivement dans le monde entier, car la question des syndicats de fonctionnaires, si elle n’est encore posée nulle part avec autant d’acuité qu’en France, est pourtant de celles dont les prémisses sont agitées en d’autres pays. C’est de plus une question très nette, très simple et très compréhensible, à la portée par consé-