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REVUE POUR LES FRANÇAIS

vailler à en forcer les effets. C’est là ce qu’est en train de faire le roi d’Angleterre dans un but qui nous échappe. S’entendre avec l’Espagne pour avoir le droit d’utiliser en cas de guerre les ports dont la nature l’a si généreusement pourvue, s’entendre avec la Russie pour établir en Extrême-Orient un statu quo qui ne sera pas indéfini mais peut durer un lustre ou deux, ce sont là de bonnes précautions. Les chancelleries, sous l’impulsion royale les eussent prises de façon à la fois intégrale et silencieuse. Qu’était-il besoin d’entourer des actes si graves d’une dangereuse publicité et d’adresser sous une forme inédite mais directe un véritable défi à une puissance déjà trop portée à relever de la part de ses voisins, les moindres marques d’animosité. L’Allemagne a évoqué, depuis deux ans, par désir de diversions à ses difficultés intérieures, le spectre d’un péril français qui n’existait pas. On lui rend le service de donner à tous ses enfants la notion d’un péril anglais évident et indéniable. Cette modification si inquiétante dans la situation internationale se traduit déjà par un notable changement de ton dans les harangues germaniques. Tandis que l’unanimité nationale rapproche jusqu’aux socialistes et fait évanouir outre-Rhin les derniers vestiges des doctrines antimilitaristes, le chancelier n’éprouve aucune peine à prononcer les paroles qu’il eût fallu pouvoir dire il y a deux ans — mais qu’il ne pouvait pas dire alors parce que la situation, en réalité, ne les comportait point. En ce temps-là les expressions étaient inégales et souvent malencontreuses, les arguments portaient à faux, les raisonnements péchaient par la base. Aujourd’hui le prince de Bülow a le droit de présenter les choses tout simplement comme elles sont. Le Times a dit que son discours au Reichstag avait été franc, froid et sensé. C’est là le plus grand éloge qu’on en put faire. Par malheur c’est aussi la plus amère critique que l’on put adresser à la politique personnelle d’Édouard vii. Éloge et critique sont mérités.

Un instrument de révolution.

La fameuse « Confédération générale du Travail » contre laquelle le gouvernement français, quel qu’il soit, sera bien forcé de s’escrimer désormais est issue du congrès de 1894 qui se tint à Nantes. Depuis lors une multitude de congrès ouvriers s’assemblèrent — à Limoges, à Tours, à Toulouse, à Rennes, à Lyon, etc. — qui