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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

l’école à côté d’un Japonais adulte ? » tel est le refrain actuel des Californiens. On tire encore argument du fait que beaucoup de Japonais seraient atteints de « trachoma. » Il se peut que quelques Japonais résidant en Californie soient victimes de cette affection mais la proportion n’est pas supérieure pour eux à celle des autres immigrants. On remarquera d’ailleurs que l’examen spécial dont cette maladie est l’objet, tant au moment où les navires quittent le Japon que lorsqu’ils arrivent à San-Francisco, est effectué de la façon la plus sévère. Il est certain qu’aucun des quatre-vingt treize Japonais qui fréquentaient les écoles n’en était atteint Les restaurateurs et les hôteliers californiens refusent d’avouer qu’ils ferment leurs portes aux Japonais mais il est parfaitement certain qu’on ne rencontre aucun Japonais dans les établissements de premier ordre. On leur fait comprendre de façon détournée mais suffisamment nette, qu’on ne désire par leur présence. » Telle est cette correspondance qui appellerait plus d’une réflexion, notamment au sujet de l’âge des Japonais fréquentant les écoles californiennes… Pourquoi donc y tolérait-on des adultes ?

Budgets de députés.

L’augmentation de traitement que se sont votés les députés français a eu ce résultat inattendu de faire connaître au public l’état des budgets individuels de ses législateurs. Pour se concilier l’opinion, qui jugeait abusive l’élévation de neuf mille à quinze mille francs de l’indemnité parlementaire, on a cherché à l’apitoyer en lui présentant la liste des oppositions dont un grand nombre de traitements étaient l’objet. N’est-ce pas entre le tiers et la moitié — ou même plus — des députés qui se trouvent endettés de façon grave ? Voilà un chiffre à méditer. Il n’excite la pitié qu’au premier aspect. Sans doute un homme marié et père de famille, obligé de vivre à Paris avec neuf mille francs par an et d’y remplir ses fonctions législatives, n’arrive point à joindre les deux bouts. Mais pourquoi est-il député ? Ce n’est pas là une carrière. Il faut le renversement du bon sens qui s’est opéré dans le cerveau "collectif pour en arriver à cette conception de l’apprenti politique, dépourvu d’expérience de la vie, sans bagage d’aucune sorte derrière lui et qui, d’emblée, prétend, à force de bagout ou d’audace, avoie sa part dans le gouvernement direct du pays. La formule ancienne qui réservait pratiquement aux gens