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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

tout en vivant séparés par des questions de formes et par le souvenir soigneusement entretenu de part et d’autre des événements de 1870. Un pape aussi éclairé que Léon xiii, un roi aussi intelligent que Victor Emmanuel iii s’entendaient à merveille sur l’opportunité d’un tel état de choses. Ils sentaient que l’Église et l’État perdraient également à se rapprocher et à conclure au grand jour une alliance effective. Pie x évidemment ne s’élève pas à la compréhension d’une pareille nécessité mais la tradition établie par son illustre prédécesseur continue de l’obliger à une réserve qui ne serait pas dans ses désirs. On peut être sûr que, du côté du Quirinal, rien ne sera tenté en vue de l’en faire sortir. Que souffle pourtant un vent d’anticléricalisme apportant de France l’idée et la formule de la séparation, voire même l’illusion d’une « déchristianisation » possible du monde latin, voilà le pape et le roi obligés de se réunir pour faire face à l’ennemi commun. Voilà leurs intérêts confondus et le loyalisme qui, dans toute l’Italie, confond les opinions extrêmes dans une même sympathie à l’égard de la maison de Savoie, ce loyalisme risque de sombrer. La menace de la république apparaîtra à l’horizon, la discorde régnera et les belles ambitions de richesse et de prospérité s’évanouiront. Le gouvernement royal ne désirait qu’une chose, c’est que le président Loubet visitât le Souverain-Pontife durant son séjour au Quirinal ; cela, c’eût été une victime morale de haute valeur. Puisque cette visite n’a pu avoir lieu, le roi et ses conseillers souhaitent que du moins la dispute actuelle n’ait pas de lendemain et qu’un modus viventi pacifiant puisse être trouvé, de façon que, le plus tôt possible, à Paris… l’on parle d’autre chose.

Une appréciation sur les Japonais de Californie.

Il nous paraît intéressant de mettre sous les yeux de nos lecteurs la communication très pessimiste que le correspondant du Times à San-Francisco vient d’envoyer à son journal. Les principaux passages que nous citons en donnent une idée exacte. Nous ne partageons pas sa manière de voir. Encore une « guerre fatale » à l’horizon. Fatal le conflit armé entre la France et l’Allemagne ; après Fachoda, ce fut la lutte contre l’Angleterre qui devint fatale ; puis ce fut la guerre entre la Russie et l’Angleterre ; puis c’étaient hier l’Allemagne et les États-Unis, l’Autriche et l’Italie, qui tenaient le record de la fatalité et voici maintenant