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LE PANGERMANISME

teur entreprend son examen, dégagé de toute idée préconçue, avec le ferme propos de trouver et de proclamer la vérité. C’est du moins ce qu’il affirme et nous devons lui faire crédit de notre confiance.

Qu’est-ce que le Pangermanisme ? D’une façon générale on peut dire que les Anglais, qu’il s’agisse de l’homme dans la rue ou des classes élevées de la société, sont incapables d’en donner une définition claire. Pour eux, le Pangermanisme est une chose dangereuse pour les intérêts mondiaux de la Grande-Bretagne, une chose made in Germany dont il faut non seulement se défier, mais encore qu’il faut combattre, et c’est tout. À ne pas définir clairement le Pangermanisme, on s’expose à lui donner gratuitement un don d’ubiquité. On pourra bientôt dire qu’on en a mis partout. Récemment M. Stead écrivait que le Panislamisme n’était qu’un Pangermanisme déguisé. La lumière manquant du côté anglais, cherchons des clartés en Allemagne.

Quelle que soit la nature du Pangermanisme, on peut dire que tout Allemand, au moins « académiquement et théoriquement », est pangermaniste. Ce sentiment a pris naissance au début du dix-neuvième siècle, lorsque l’Allemagne, vaincue et humiliée, enseigna à ses fils l’amour de la patrie allemande et le culte de son idéal. La conquête napoléonnienne transforma les idéologues en hommes pratiques. Depuis lors, le Pangermanisme s’est constamment développé et il prendra plus de force à mesure que la culture intellectuelle grandira elle-même davantage. Vires aequirit eundo. Il constitue à la fois un sentiment politique et un programme politique. Comme sentiment politique, il est parfaitement légitime. Il est naturel, en effet, que des hommes de même race, de même langue et de mêmes goûts aient l’idée qu’ils forment un seul et même peuple. De cette idée est né le programme politique dont le but est de réunir en un seul et même empire germanique tous les pays allemands d’Europe. Le congrès de Vienne en 1815 a failli réaliser ce rêve, mais l’union des États allemands, der deutsche Bund, créée par lui, constituait un corps pangermanique auquel il manquait une âme pangermanique.

Chose curieuse, pendant une partie du dix-neuvième siècle, la politique prussienne a été en opposition avec l’idéal pangermani-