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REVUE POUR LES FRANÇAIS

visage formait un ovale très pur ; son teint était blanc et légèrement coloré comme celui de sa mère, mais dans les dernières années les fatigues et les voyages avaient bruni ses joues. Ses cheveux d’un blond doré et assez épais se séparaient au haut du front et retombaient sur les épaules. Sa barbe était courte, pointue et partagée au-dessous du menton. »

Rien de plus beau, peut-être, dans toute l’épopée, que la descente aux Enfers. « Lorsque Jésus rendit sa très sainte âme, en poussant un grand cri, je la vis, semblable à une forme lumineuse, pénétrer dans la terre, au pied de la croix ; plusieurs anges l’accompagnaient. Je vis sa divinité rester unie à son âme, aussi bien qu’à son corps suspendu sur la croix : je ne saurais dire comment cela se faisait. Le lieu où entra l’âme de Jésus était divisé en trois parties ; c’étaient comme trois mondes séparés les uns des autres par des sphères qui les environnaient. Le Sauveur resplendissant de lumière et porté par les anges comme en triomphe, passa entre deux de ces cercles, dont celui de gauche renfermait les patriarches antérieurs à Abraham ; celui de droite les âmes des justes ayant vécu depuis Abraham jusqu’à Jean-Baptiste. Ils ne reconnurent pas encore le Rédempteur mais ils furent tous remplis d’espérance ; les lieux étroits, où ils demeuraient dans l’attente, parurent se dilater ; eux-mêmes furent rafraîchis par un souffle d’air, une rosée de rédemption qui passa avec la rapidité d’un vent impétueux. Le Sauveur pénétra entre ces cercles, dans un lieu enveloppé de brouillards où se trouvaient Adam et Ève. Il leur parla, et ils l’adorèrent avec un ravissement inexprimable. Puis le cortège du Seigneur pénétra dans une autre sphère où se tenaient les pieux païens qui avaient pressenti la Vérité et désiré la connaître… » Le symbolisme de cette partie de l’épopée atteint parfois au sublime comme inspiration. Viennent ensuite des tableaux tout différents ; celui-ci, par exemple, évoquant la persistance de la douleur de Madeleine, au lendemain de la résurrection « Madeleine est absorbée dans son désespoir et son amour ; elle est au-dessus du respect humain ; elle brave héroïquement les dangers ; elle ne saurait demeurer en repos. Elle parcourt souvent les rues, les cheveux flottants, et partout où elle rencontre des auditeurs, soit dans les maisons, soit en public, elle accuse les meurtriers du Seigneur, raconte avec véhémence les traitements qu’on lui a fait endurer, et annonce sa résurrection. Quand elle ne trouve personne, elle erre à travers les jardins et parle de sa dou-