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UNE ÉPOPÉE MYSTIQUE

aguets au temps des fêtes de Pâques, à cause de l’immense affluence des étrangers… En aucune partie de la ville on ne témoigne une aussi touchante sympathie pour Jésus que sur la colline d’Ophel, parmi les journaliers et les pauvres serviteurs du temple, porteurs d’eau et de bois qu’il a enseignés, consolés, secourus et guéris. » Voici Caïphe silhouetté en quelques traits fermes et accentués. « Caïphe était un homme d’une contenance grave, mais son visage trahissait la véhémence et la cruauté de son caractère. Il était revêtu d’un long manteau d’un rouge sombre, orné de fleurs et de franges d’or et attaché sur les épaules et par devant avec des agrafes d’un métal brillant. Il était coiffé d’un bonnet semblable à une mitre ; des deux côtés, il y avait des ouvertures d’où pendaient des bandelettes. L’impatience de Caïphe à ce moment s’accrut tellement qu’il descendit de son siège, courut dans le vestibule revêtu de ses habits pontificaux et demanda avec colère si Jésus n’arrivait pas. Comme le cortège approchait, il retourna à sa place… » Catherine Emmerich lorsqu’elle en vient à décrire l’élévation de la croix sur le Golgotha la montre « s’enfonçant dans le creux du rocher, en tremblant, après avoir un moment oscillé en l’air. » Aux cris insultants des archers, des pharisiens et de la populace, qui regarde de loin, succède une minute de solennel silence : « tous éprouvaient une sensation nouvelle et jusqu’alors inconnue. Les âmes captives dans les limbes entendirent le choc avec une joie pleine d’espérance ; il leur sembla que le vainqueur de la mort frappait à la porte de leur prison. Et juste à ce moment, au milieu du silence qui avait remplacé les cris furieux, les trompettes du Temple retentirent annonçant l’immolation de l’agneau pascal ». Suit ce portrait qu’on dirait issu du pinceau d’un maître flamand. « Jésus avait une poitrine haute et large ; elle n’était pas velue comme celle de Jean-Baptiste qui était couverte de poils rougeâtres. Ses épaules étaient larges et les muscles des bras très prononcés ainsi que ceux des cuisses ; ses genoux étaient torts comme ceux d’un homme qui a beaucoup marché et s’est souvent agenouillé pour la prière. Ses pieds avaient une belle forme quoique endurcis par suite de son habitude de marcher sans chaussures ; ses mains étaient belles avec des doigts effilés et sans être délicates elles ne ressemblaient point à celles d’un homme qui vit d’un travail grossier. Son cou assez long était fort et musculeux. Sa tête était bien proportionnée, son front élevé et ouvert. Son