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REVUE POUR LES FRANÇAIS

tres, les suites funestes de tous ces actes. Tous déchiraient et se partageaient entre eux la robe sans couture de son Église ; chacun voulait avoir le sauveur sous une forme différente de celle sous laquelle il s’est donné par amour. Beaucoup le maltraitaient, le reniaient, l’insultaient, beaucoup, secouant la tête et haussant les épaules, passaient dédaigneusement devant lui. » Plus loin, à propos de Judas, cettte analyse si précise : « L’argent seul préoccupait son esprit et depuis longtemps il s’était mis en rapports avec quelques intrigants pharisiens et saduciens qui, par leurs flatteries, l’avaient excité à accomplir sa trahison. Il était las de la vie fatigante, errante et persécutée que menaient les apôtres. Depuis plusieurs mois, il avait préludé à son crime en volant les aumônes confiées à ses soins et sa cupidité, irritée par la prodigalité de Madeleine lorsqu’elle oignit Jésus de parfums, mit enfin sa patience à bout. Il avait toujours espéré que Jésus établirait un royaume terrestre et qu’il y obtiendrait un emploi brillant et lucratif ; se voyant trompé dans ses espérances, il voulait amasser une fortune. Comme la persécution croissait toujours, il songea, avant l’approche du danger, à se mettre bien avec le grand prêtre et tous les plus puissants ennemis de Jésus dont le prestige l’éblouissait. Il se livrait de plus en plus à leurs affidés qui le flattaient de toutes manières et lui disaient avec assurance que, quoiqu’il arrivât, on en finirait bientôt avec Jésus. » Puis encore, ces croquis qu’on dirait pris sur le vif pendant la nuit fatale. « Les cérémonies religieuses et les préparatifs de la fête étaient terminés et les habitants de la grande ville dormaient déjà d’un profond sommeil quand la nouvelle de l’arrestation de Jésus réveilla tous les amis et les ennemis du Seigneur. De tous les points de la ville les personnes convoquées par les messagers des prêtres se mettent en mouvement ; elles s’avancent à la clarté de la lune ou à la lueur des torches à travers les rues sombres et désertes, car presque toutes les maisons ont leurs fenêtres et leurs sorties sur des cours intérieures. Tous montent vers le quartier de Sion où brillent des flambeaux, où des cris retentissent. On entend verrouiller et barricader beaucoup de portes dans la crainte d’un soulèvement populaire. Les passants sont arrêtés et questionnés. Mille propos malveillants circulent… Les soldats romains ne prennent aucune part à l’événement, mais leurs cohortes se rassemblent, et leurs postes sont renforcés. Ils observent attentivement tout ce qui se passe. Ils sont toujours ainsi aux