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LES ÎLES PHILIPPINES EN 1907

dante ; il fallut mener contre lui une véritable guerre qui dura jusqu’en 1901. À ce moment, les indigènes se mirent d’accord avec le gouvernement dans une pensée d’intérêt commun : les premiers s’engagèrent à faciliter le rétablissement de l’ordre, l’étude et la mise en valeur du pays ; l’autre leur accorda en retour une participation directe à l’administration locale et la promesse formelle d’un régime autonome. Ce régime a été énoncé dans la Constitution qui doit entrer en vigueur à la fin de cette année. Les engagements, de part et d’autre, ont été loyalement tenus et déjà les îles Phlipipines se trouvent ramenées sur le chemin de la fortune où la Nature les dirigeait et d’où les avait écartées l’action dépressive de l’Espagne.

Le premier acte de l’administration civile américaine fut d’établir un inventaire complet des ressources du pays : c’est l’œuvre du recensement ou Census commencé en 1903 et achevé en 1905. Sa publication, qualifiée en Amérique de « révélation », a permis au public de se faire une idée très exacte de la situation actuelle des Philippines. Le gouvernement s’en est aussi bien inspiré pour élaborer son programme.

Nous avons souligné plus haut la capacité de production du sol. Les cultures les plus rémunératrices avaient été jusqu’à présent le chanvre, le tabac, le sucre, le café, ces deux derniers produits ayant énormément perdu de leur valeur marchande depuis quelques années : les Américains y ont introduit avec succès nos céréales, en particulier le blé. Les méthodes et les instruments de culture utilisés par les agriculteurs indigènes n’avaient pas varié depuis des siècles ; ils ignoraient jusqu’à présent la valeur des engrais, le bienfait d’une irrigation bien distribuée : on s’efforce de leur faciliter l’emploi des méthodes nouvelles qui permettront à la fois d’intensifier la production et d’augmenter la surface cultivée qui n’atteint pas même aujourd’hui la moitié de la surface cultivable. On s’occupe également d’améliorer les pâturages et d’y acclimater le bétail, les mules et les chevaux d’origine américaine. Bref, on travaille à aider la nature qui n’avait jusqu’alors rien produit que spontanément. À ce point de vue, les résultats acquis sont déjà splendides : les exportations agricoles ont monté de 71 millions de francs en 1899, à 137 millions en 1902 et à 167 millions en 1903.

Même effort parallèle pour la mise en exploitation des richesses forestières et minières. Les plans des forêts ont été relevés avec