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REVUE POUR LES FRANÇAIS

manuels sont relativement rares et surtout exercés par les femmes. En somme la population mène une vie facile et heureuse ; les riches sont rares mais les pauvres sont presque ignorés — on en compte à peine 1 sur 10.000 habitants, contre 12, aux États-Unis — ; les besoins sont restreints, aisément satisfaits.

Il est à remarquer que les criminels sont, aux îles Philippines, presque aussi peu nombreux que les miséreux : 8 pour 10.000, contre 13 aux États-Unis et 49 en France. Les aliénés sont au contraire nombreux : 220 par 100.000 habitants, ce qui peut s’expliquer, dans une large mesure, par l’action énervante des continuelles secousses du sol.

La population semble en voie d’accroissement normal. La proportion de gens mariés y est très forte et le taux des naissances (47.9 pour 1.000) dépasse celui de tous les pays du monde. Malheureusement la mortalité, due principalement aux fréquentes épidémies de choléra, est considérable : elle se chiffre en moyenne par 37,9 pour 1,000 ; elle a atteint le taux extraordinaire de 63,3 pour 1.000 pendant l’année 1902-1903.

La valeur intrinsèque du pays

La principale valeur des îles Philippines a toujours été représentée par l’agriculture. Ses terres sont riches en éléments fertilisants, productives d’une végétation puissante. On y trouve à l’état naturel un grand nombre de plantes textiles, tinctoriales, comestibles, oléagineuses, des gommes, des résines, des fourrages, et quantité d’arbres fruitiers. Elles conviennent aux plantes de la zone tempérée aussi bien qu’à celles des tropiques. Elles sont susceptibles à la fois de culture et d’élevage intensifs.

Les forêts couvrent d’immenses espaces évalués à plus de 20 millions d’hectares. Elles représentent 70 % de la superficie de l’archipel. Leurs espèces sont variées à l’infini. Depuis le bambou et le palmier jusqu’au bois de fer et à l’ébène, elles possèdent toutes sortes d’essences convenables pour l’ébénisterie, le plaquage, la charpente, les constructions navales, etc. Leur contenance, estimée par le Bureau forestier américain à cent milliards de pieds cubes, représente une valeur approximative de quinze milliards de francs. L’exploitation de ces forêts est facilitée par la grande abondance de cours d’eau qui les joignent et permettent le transport par flottage.