Page:Revue pour les français, T2, 1907.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée
621
LES ÎLES PHILIPPINES EN 1907

vivent dans les montagnes, à l’intérieur des îles, répartis en de nombreuses tribus.

Les plus frustes d’entre eux sont les Aetas ou Negritos, race aborigène au teint noir, de très petite taille, au nez plat, aux lèvres épaisses, aux cheveux noirs très crépus. Ils sont chétifs et en pleine dégénérescence : leur nombre s’affaisse tous les ans : leur race est condamnée.

Un autre groupe de « non-civilisés » est connu sous le nom de Moros, tiré par les Espagnols de moor, maure, musulman. Il compte 277.547 individus, musulmans, tous pêcheurs et pirates, jadis fort redoutés des « civilisés » de là-bas, aujourd’hui encore insoumis. À côté d’eux, les Igorotes sont 211.520, peuple de petite taille, au teint brun jaunâtre, aux cheveux noirs et lisses, ainsi bien différents des Negritos. On a remarqué parmi les Igorotes certaines tribus — les Bontoc, par exemple — organisées à la façon républicaine : elles n’ont pas de chefs et sont administrées par un conseil d’anciens décoré du nom musical d’« igtoug-toukou ». Leurs institutions sont empreintes de libéralisme ; elles tiennent en grande faveur la curieuse coutume de l’« olag » ou mariage à l’essai.

Viennent ensuite par ordre d’importance numérique les Bukidnons, les Bubanos, les Négritos — mentionnés par nous les premiers pour leur qualité d’aborigènes et qui sont seulement 23.000, les Mandayas, etc… Toutes ces peuplades constituent un intéressant terrain d’études ethnographiques et anthropologiques mais leur influence a toujours été et demeure absolument nulle sur le développement du pays. Ces non civilisés sont, pour les Philippines, un poids mort qui, d’ailleurs, tend à diminuer soit par l’extinction de certaines races, soit par l’assimilation de certaines autres. Elles ne sont pas autrement gênantes car l’archipel est très loin de se trouver surpeuplé : la densité de sa population n’excède pas 26 habitants par kilomètre carré !

Les citadins sont rares aux Philippines : à peine un million d’individus vivent dans les villes : le reste est réparti en une multitude de villages dont la population moyenne est seulement de 500 habitants. Leurs maisons sont construites en bambou, recouvertes de chaume. La plupart sont agriculteurs ; la propriété est morcelée à l’extrême : plus de la moitié des exploitations sont inférieures à un hectare et 80 % des fermes sont cultivées par leurs propriétaires. La pêche vient au second rang dans les occupations ; les métiers