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REVUE POUR LES FRANÇAIS

sement le climat est assez varié d’un lieu à un autre et les habitants qui peuvent se déplacer ont ainsi l’occasion de détendre leur organisme et de retremper leur énergie.

La population indigène : sauvages et civilisés

La population des îles Philippines atteignait au dernier recensement (1903) 7.635.426 habitants ainsi classés : 6.987.686 indigènes civilisés ; 647.740 indigènes sauvages ; 14.271 blancs — dont 8,135 Américains et 3.888 Espagnols ; 42097 jaunes — dont 41.035 Chinois et 921 Japonais.

Les indigènes civilisés appartiennent à la race malaise : ils sont de la même famille que leurs voisins de Java, de Bornéo, de Sumatra, et forment avec eux un groupe ethnique d’environ 40 millions d’âmes. Mélangés avec les aborigènes, avec les anciens immigrés hindous, avec les Espagnols, avec les Chinois, influencés par le milieu, ils se sont modifiés suffisamment pour acquérir une physionomie propre en conservant les caractéristiques essentielles de leur race. La nation philippine née de leurs œuvres est aujourd’hui l’une des mieux douées, des plus considérées de l’Extrême-Orient. Elle se subdivise en huit principales tribus : celles des Visayans, des Tagals, des Ilocanos et des Papamgans sont les plus importantes. Tous sont chrétiens, protestants en petit nombre, catholiques en majorité. Leurs mœurs témoignent de beaucoup d’amabilité et de douceur ; ils sont hospitaliers, honnêtes, sobres, dociles, un peu dissimulés peut-être, très attachés à leur famille, par-dessus tout joueurs passionnés. Volontiers progressifs et curieux mais indolents, ils semblent mieux doués pour les études intellectuelles que pour les travaux manuels ; ils possèdent à un remarquable degré le don des langues : malgré l’absence de tout encouragement à l’instruction de la part des autorités esgagnoles, 45 % d’entre eux savent lire et écrire ; grâce aux efforts contraires de l’administration américaine, il est sûr que la génération qui vient ne comptera presque plus d’illettrés.

À côté de ces Malais d’origine, race supérieure, les indigènes « sauvages » demeurent nombreux : près de 650.000. La plupart ont toujours vécu à l’écart des sociétés civilisées ; ils n’ont jamais été soumis à l’Espagne et mènent encore de nos jours l’existence primitive du temps où leur pays nous était inconnu. Presque tous