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REVUE POUR LES FRANÇAIS

ont proposé à l’Assemblée fédérale d’octroyer à 50.000 citoyens le droit de proposer une loi nouvelle quelconque ou l’amendement d’une loi ancienne — c’est-à-dire d’accorder au peuple une participation directe à tous travaux législatifs. Le Conseil fédéral — autrement dit le gouvernement — acquiesçant à cette proposition hardie, a demandé aux Chambres de la sanctionner. Son projet, récemment discuté au Conseil national, excluait simplement du domaine législatif soumis à l’initiative populaire toute proposition anticonstitutionnelle ou contraire aux traités internationaux. Il témoignait hautement de sa confiance envers le peuple suisse, affirmant qu’elle n’abuserait pas plus de cette nouvelle arme qu’il n’avait jusqu’alors abusé de celles dont il dispose déjà. Malgré tout les arguments en faveur de cette thèse, le Conseil national a invité le gouvernement à lui soumettre une nouvelle étude. Certains opposants triomphent de ce renvoi en assurant qu’il équivaut à un véritable enterrement. Quoiqu’il advienne, c’est à l’honneur du peuple suisse qu’il soit considéré sérieusement comme capable de jouir sans inconvénients graves de pareils privilèges. Nous connaissons plus d’un pays où l’adoption d’un tel système mènerait tout droit à l’anarchie.

L’influence française aux Indes.

Au sujet de la question du Cercle littéraire français de Bombay que nous avons exposée dans le numéro du mois dernier, nous avons reçu d’un lecteur[1] précédemment chargé de mission aux Indes une lettre très intéressante. Après avoir chaleureusement confirmé l’exactitude de notre information, son auteur la complète au moyen de souvenirs personnels qu’il nous est opportun de retenir.

« Arrivé à Bombay au commencement de l’hiver 1905-1906, après avoir visité Ceylan et le sud de l’Inde, je me suis présenté au Cercle littéraire français dont l’existence m’avait été signalée. J’ai été reçu en toute cordialité par son très distingué président, le Père Notti, de nationalité suisse, professeur de français au collège Saint-François Xavier, aujourd’hui archevêque de Bombay. Il s’est offert à me servir de guide et d’interprète et m’a prié de me considérer comme chez moi au cercle français. Loin de son pays, l’effet moral d’un accueil si bienveillant est considérable, il vous semble qu’on retrouve un petit coin de sa patrie ; une émotion très douce vous étreint et vous réconforte. Mais l’action du cercle ne se borne pas à chercher à être agréable aux hommes d’étude, aux touristes et aux commerçants trop peu nom-

  1. M. A. Romestin, architecte des monuments historiques, membre du Conseil des Bâtiments civils, à Toulouse.