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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

ont leur nez dans ces commérages, ils négligent les aflaires publiques, ils ne s’occupent pas de finances. C’est moins coûteux pour le pays. Puisse ce jeu des papiers les absorber longtemps ! De deux maux, choisissons le moindre.

Au Maroc.

Depuis plusieurs mois, nous avons prévenu nos lecteurs contre l’optimisme insensé du gouvernement français en présence des affaires du Maroc. Les faits nous ont malheureusement donné raison. Et nos bateaux ont pris la voie de Tanger, et nos troupes le chemin d’Oujda. Nous ne voulons pas perdre notre temps, ni le vôtre, lecteurs, à déplorer les fautes commises, à rechercher ce qui serait advenu si nous avions agi différemment. Mais prenez garde que l’occupation d’Oujda comme la présence de nos navires devant Tanger sont des manifestations tout platoniques. Ce qui eut suffi jadis est aujourd’hui devenu parfaitement vain. Nos hésitations ont répandu là-bas une impression de faiblesse, nos timides remontrances ont été représentées comme un bluff. Il nous faut maintenant dépenser dix fois plus d’énergie qu’il y a cinq ans pour obtenir dix fois moins de résultats. Voilà où mène la politique à courte vue des hommes qui mesurent l’intérêt national à leurs besoins particuliers et qui, visant un but, s’entêtent à négliger l’emploi des meilleurs moyens pour l’atteindre.

L’accord franco-siamois.

Un nouveau traité franco-siamois a été signé le 23 mars à Bangkok. Il présente cette particularité heureuse qu’il est de nature à satisfaire les vœux des deux parties et à fournir une base durable, sinon définitive, à leurs excellentes relations. Les journaux quotidiens en ont énuméré les clauses, insistant particulièrement sur la cession par le Siam à la France des trois provinces de Battambang, Siem-réap et Sisophon. Cette session mérite, en effet, d’être appréciée. Ces trois provinces formaient hier encore, la partie irredenta du Cambodge ; les Cambodgiens ne cessaient de manifester, à leur propos, leur rancune contre le Siam qui les leur avait prises ; ils les revendiquaient âprement : les « frictions » qui en résultaient pouvaient amener de fâcheux