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REVUE POUR LES FRANÇAIS

tout sentiment patriotique ? Non pas. L’amour de la patrie n’a rien d’incompatible avec notre désir de paix. Comme nos pères, nous voulons la France toujours plus puissante, plus rayonnante de gloire et de beauté, mais les temps sont passés où la force et la vitalité des nations s’affirmaient surtout à coups de canon et à coups de sabre ; elles s’affirment au xxe siècle par le progrès économique, moral et social. Aujourd’hui, l’influence des nations dans le monde peut s’étaler pacifiquement ; à présent la paix favorise le plus grand développement de leur puissance : la guerre était jadis leur seul moyen.

Voilà comment, fidèles aux traditions de nos pères, plaçant, comme eux, notre pays par dessus tout, nous devons aimer la paix autant qu’ils cultivaient la guerre. Voilà comment aussi, hélas ! les antipatriotes, prétendus pacifistes, compromettent l’avenir de la paix en lui donnant une signification basse et odieuse que nous ne pourrons jamais admettre.


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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE



C’est triste à dire : l’attention du monde politique français s’est trouvée concentrée depuis un mois sur le carnet du monsignor Montagnini. Et nous en avons appris de belles ! M. Doumer a envoyé, paraît-il, son Livre de mes fils au Pape, avec une dédicace : c’est le comble de l’impudence ! On frémit en songeant que ce même Doumer a failli occuper la première magistrature de l’État. M. Berteaux nous apparaît sous les traits d’un héros sacrifiant sa tranquillité conjugale à l’affirmation de ses principes : qui donc a soutenu que les grands hommes perdaient à être connus en robe de chambre ? M. Barthou s’est mis en colère ; M. Clemenceau a repris sa plume de journaliste. Nous savons maintenant que le Saint-Siège s’intéressait aux élections de 1906 et que M. Piou menait alors le « bon combat » : qui d’entre nous s’en serait douté !…

L’issue de cette polémique passionne nos honorables. À notre sentiment, elle a au moins un bon côté : pendant que les députés