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L’ESPRIT PUBLIC AU CANADA

tant de nous envoyer demain, en souvenir d’amitié, un djambia qu’il a porté.

Les jours suivants se passent pour nous en études et en excursions.` La malle arrive enfin, le 4 juillet, fête de l’indépendance américaine. Tous les forts qui dominent la ville ont hissé leurs drapeaux écarlates, le canon tonne : vue de la rade avec cette parure et cet air de fête, Mascate nous apparaît comme elle dut être au temps de sa puissance, comme fut Ormuz à côté d’elle, qui n’est plus aujourd’hui qu’une ruine. Et tandis que sa vision s’éloigne à mesure que le Kilwa, notre paquebot, s’enfonce dans la pleine mer, le capitaine anglais nous invite à une partie d’échecs. Adieu la terre arabe ! Demain matin, nous serons en Perse…


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L’ESPRIT PUBLIC AU CANADA[1]



Les temps ne sont pas encore très lointains où le Conseil Privé d’Angleterre faisait afficher sur tous les murs du Royaume-Uni une proclamation dans laquelle la province d’Ontario était qualifiée « cette ville », où, dans une des cités les plus intellectuelles des îles britanniques, un orateur, félicitant un Canadien de marque sur la signature du traité de Washington, émettait l’espoir que, la question de l’Alabama se trouvant désormais réglée, rien dans l’avenir ne viendrait plus troubler les relations de l’Angleterre avec le Canada. À cette époque, bien des Anglais cultivés croyaient que les Canadiens avaient la peau rouge. L’ouverture de la province canadienne du nord-ouest a dissipé en partie ces erreurs ; pourtant un homme d’État anglais déclarait encore récemment que l’Angleterre ne possédait qu’une seule frontière continentale, celle de l’Inde septentrionale.

Mais les Canadiens ne sont pas gens de rancune. À l’heure présente il est certain qu’aucun ne songe plus à briser les liens qui rattachent son pays à la métropole ou à entrer dans la confé-

  1. Cet article a été écrit d’après une étude publiée par H. Goldwin Smith dans la Contemporary Review de mars 1907.