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REVUE POUR LES FRANÇAIS

tions initiales, nous devons étudier les rapports qui se dessinent entre sa législation éventuelle, les mœurs et les instincts de la société présente.

Les deux points de convergence des efforts socialistes sont : la propriété et l’hérédité. Ils tendent à supprimer l’une et à neutraliser les effets de l’autre. En attendant de pouvoir édicter contre elles des mesures décisives, c’est à les limiter et à les restreindre que s’emploie l’influence socialiste. Or, la propriété et l’hérédité sont en train de subir, du fait des circonstances, certaines transformations dont il est essentiel de déterminer la nature et l’étendue. Nous allons essayer de le faire rapidement.

La propriété, jadis, était stable, issue de sources restreintes, lourde à remuer et comportant des charges permanentes auxquelles il était difficile, et parfois impossible, de se soustraire. Si un patrimoine ancestral venait à changer de mains, les nouveaux acquéreurs se trouvaient par ce fait même substitués à l’ancien propriétaire dans l’espèce de patronat que celui-ci exerçait autour de lui. Et cela s’appliquait au chef d’une usine aussi bien qu’au maître d’un castel. Les ouvriers groupés autour de l’un, de même que les serviteurs gravitant autour de l’autre, représentaient pour tous deux certains devoirs dont il ne leur était pas permis de se libérer à leur gré. Emprunts et réalisations étaient difficiles ; les placements s’offraient sûrs, mais rares. Quel contraste avec l’état présent des choses ! Graduellement s’établit un régime tout opposé. La propriété devient d’une souplesse et d’une mobilité singulières. Les ressources en numéraire sont copieuses. L’industrie du riche trouve dans la petite épargne une collaboration inépuisable. D’ailleurs on fait argent de tout. Le châtelain qui possède une chute d’eau dans son parc peut en tirer de l’électricité et la vendre aux villages voisins. On n’attend plus rien de lui ou du moins il a droit de tout refuser. Les mœurs anglo-saxones en passe de s’étendre à l’Europe continentale, dont M. Stead prédit l’américanisation prochaine lui offre une liberté de plus, celle de louer pour une ou plusieurs années sa résidence trop somptueuse, de réduire momentanément son train de vie trop coûteux, soit qu’il veuille voyager, dépenser autrement ses revenus ou simplement faire des économies. Est-il industriel ou commerçant ? Le remède est à sa portée