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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

blessures suivis de mort, de 17 % ; les parricides ont été aussi plus fréquents. Si, pour les meurtres et les assassinats on ajoute aux accusations jugées les affaires qui ont été abandonnées, à la suite de classement ou d’ordonnances de non-lieu, on obtient, pour 1905, un total de 1075 crimes contre 796 en 1901. C’est une augmentation de 36 % en cinq ans.

Le Garde des Sceaux ne semble pas s’en inquiéter outre mesure.

« Ce serait mal interpréter les résultats de la statistique, dit-il, au cours de son rapport, que de voir dans cette augmentation ininterrompue le signe d’un abaissement non moins régulier de la moralité publique ».

Que faut-il donc y voir, alors ? Les commentaires optimistes du Ministre de la Justice ne suffisent pas à effacer dans notre esprit le triste effet produit par les chiffres qu’il cite lui-même.

L’insuffisance de nos moyens de transport.

Les commerçants français, toujours nombreux à protester contre l’insuffisance de nos moyens de transport, sont aujourd’hui unanimes à s’en plaindre. La défectuosité du fonctionnement de nos réseaux croit en raison du prix exorbitant de leurs tarifs. Pour être mieux servis, nos voisins paient moins cher que nous.

Cette situation défavorable s’est particulièrement affirmée pendant l’année 1906, si brillante au point de vue commercial. Une de nos grandes compagnies a constaté, au cours de cette année, un accroisement de trafic de 12 %, ce qui est énorme en comparaison de l’augmentation moyenne de 2,51 % enregistrée pendant la période 1900-1905. Déjà mal préparées pour répondre aux besoins d’un accroissement normal, nos compagnies de chemins de fer sont tombées en plein désarroi. Sans contredit possible, elles sont au-dessous de leur tâche.

D’où cela est-il venu ? Presque toujours du manque de matériel roulant, transporteur et moteur. On a signalé sur certains points des déficits journaliers de 1.500 wagons ; tel négociant, réclamant une capacité de 500 tonnes pour le déchargement d’un navire s’en est vu attribuer 88. M. André Dejean le constate dans une étude récente : « Faute de wagons les marchandises se sont accumulées dans les gares où elles risquaient de se détériorer et où elles devenaient encombrantes. Faute de wagons, elles subissaient des retards que, bien souvent encore aggravait la faiblesse du matériel trac-