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REVUE POUR LES FRANÇAIS

qui vous soumet ces impressions, lecteur, a su apprécier entre eux tous la haute valeur du personnel français. Cette valeur ne lui est malheureusement pas toujours apparue servie par une égale bonne volonté ni par beaucoup de zèle. Il les a souvent excusés en invoquant l’insuffisance de leurs moyens. Ici pourtant l’erreur est trop flagrante : si nous pouvons dans une certaine mesure trouver des circonstances atténuantes à tel agent français qui n’a pas témoigné d’une activité suffisante au développement de nos intérêts, nous ne pouvons absoudre tel autre qui ne sait pas même soutenir les œuvres nationales qu’il a trouvées en pleine prospérité. Il nous est pénible, insupportable de voir un centre d’influence française créé par un groupe d’étrangers amis de notre pays, soutenu par eux et niaisement combattu par celui-là même qui a pour devoir de le couvrir de notre drapeau.

Le cercle littéraire français souffre de cette situation. Ses adversaires l’exploitent journellement contre lui. Son rôle devient sans cesse plus difficile et plus ingrat. Il importe que cela cesse, car après tout son comité, demain, nous avisera peut-être qu’il ne lui convient pas de se montrer plus français que le consul de France, qu’il renonce à son œuvre, et nous aurons perdu alors un point d’appui utile à notre action. C’est ainsi que s’émiette l’influence de la France hors France. Les Français qui voyagent ne sauraient trop appeler sur de pareils sujets l’attention de ceux qui restent.

La criminalité en France.

Le Garde des Sceaux vient d’adresser au Président de la République un très intéressant rapport sur la justice criminelle en France, pendant l’année 1905. Les statistiques publiées accusent une progression très inquiétante. Ainsi, les plaintes, dénonciations, procès-verbaux, « c’est-à-dire tous les actes qui, à tort ou à raison, ont mis l’action publique en mouvement » atteignaient, en 1835, le chiffre de 114.181 ; il dépassait 300.000 en 1875, 400.000 en 1880, 500.000 en 1892 ; il est aujourd’hui de 546.537 : il a donc quadruplé en soixante-dix ans, sans que notre population ait, hélas ! augmenté beaucoup.

La statistique des crimes, c’est-à-dire des accusations jugées contradictoirement par les cours d’assises, indique « une recrudescence des crimes de sang » : de 1901 à 1905, les meurtres ont augmenté de 40 % ; les assassinats, de 11,5 % ; les coups et