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similaires. Aucun pourtant n’a atteint l’ampleur de celui-ci. La prise de possession du pouvoir parlementaire par le général Botha dépasse ce qui semblait possible et l’on craint, en y songeant, que la prudence politique ait été entamée en cette circonstance par la générosité du dessein. Si la paix que les Boers ont bien gagnée devait en souffrir, si des troubles menaçaient de naître à nouveau sur cette terre ensanglantée, on en viendrait à regretter une hâte qui aurait été plus noble que sage. Mais si vraiment l’acte qui vient de s’accomplir s’est exécuté froidement par un juste souci de la parole donnée combiné avec une exacte notion des responsabilités encourues, alors il ne reste qu’à louer sans réserve ceux qui en ont eu l’honneur et le courage. Puisse le pays boer, au seuil de cette nouvelle étape d’une existence pénible et ingrate, jouir des bienfaits de la civilisation sous l’égide d’une suzeraineté tolérante.

L’influence française aux Indes.

Quoiqu’on en pense chez nous, qui oublions vite, le souvenir de l’ancienne domination française est demeuré très vivace parmi les Hindous d’aujourd’hui, le nom de Dupleix est resté l’un des plus illustres ; ils sont heureux d’en témoigner auprès des voyageurs français qui passent, trop rares hélas ! dans leur admirable pays. Entre tous, les Parsis — dont un de nos collaborateurs vous entretenait le mois dernier en conclusion d’une captivante étude consacrée à leur religion — manifestent ce sentiment de la manière la plus efficace et la plus touchante. Suppléant à l’initiative de nos compatriotes résidents, ils ont fondé en 1886 à Bombay un Cercle littéraire français qui est bientôt devenu un brillant foyer d’expansion pour notre langue et nos idées. Il groupe actuellement, en dehors de toute préoccupation nationale ou confessionnelle, un nombre important d’adhérents européens et indigènes, catholiques, protestants, musulmans, parsis, hindous, etc., tous d’accord pour entretenir dans leur milieu la culture du français, pour y favoriser l’étude de nos auteurs, pour y faire connaître et aimer notre pays. Nos compatriotes en voyage de tourisme ou d’affaires y trouvent un accueil empressé, d’excellents conseils, d’utiles sympathies. Le cercle est patronné de façon telle qu’il exerce là-bas une influence considérable : elle pourrait servir de tremplin à beaucoup d’entreprises françaises et s’est déjà