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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE



L’ouverture de la seconde douma dépasse en intérêt tous les événements du mois écoulé. Où sont messieurs les pessimistes qui prétendaient, l’année dernière, que ses élections révolutionneraient la Russie, que ses premiers débats consacreraient l’irréparable rupture entre le tsar et son pays et que sa réunion serait un signal de guerre civile ? Sans doute ils répondront que l’assemblée nouvelle, en dépit de toutes les pressions gouvernementales et fonctionnaristes, possède une majorité de gauche nettement défavorable à l’ancien régime et n’attend qu’une occasion propice pour ordonner l’insurrection. À notre avis les débats de la douma d’empire passionnent probablement beaucoup moins la grande majorité des sujets russes que nos publicistes prophètes. Il arrivera sans doute à ce second parlement ce qui advint au premier : il sombrera dans la plus complète indifférence après s’être lui-même discrédité. Composé d’hommes parfaitement dignes et souvent éminents, il fera preuve d’impuissance. Et toute autre assemblée conçue à l’image de nos parlements occidentaux connaîtra les mêmes vicissitudes, aboutira au même néant.

Aux maux dont souffre la Russie et dont sont accablés les Russes, nous n’avons jamais vu qu’un remède : la décentralisation. Instruments centralisateurs, les doumas d’hier et d’aujourd’hui ont desservi sa cause et la desserviront. Voilà pourquoi nous les saluons sans enthousiasme.

Mauvais exemple.

Prétendant imiter à leur façon les députés qui avaient renvoyé M. Pierre Leroy-Beaulieu devant ses électeurs, une bande d’apaches montpelliérains a voulu, l’autre jour, le renvoyer dans l’autre monde. L’invalidation du député n’avait pas suffi : on s’en rendait d’autant mieux compte par sa réélection probable. Aucun moyen n’étant plus sûr, pour se débarrasser du candidat, que d’« invalider » l’homme, on n’a pas reculé devant un crime.

Ainsi la théorie de la suppression des adversaires, qui prévaut à la Chambre, fait école dans le pays. Blâmerons-nous davantage un individu pris d’alcool à qui l’on met une arme dans la main et