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LA CHINE NOVATRICE

dans l’active, trois ans dans la première réserve et quatre ans dans la seconde réserve. Ce système procurera un million de réservistes. Les recrues sont bien payées, bien logées, bien vêtues. « En outre, disposition qui montre avec quelle habileté le gouvernement chinois sait se concilier l’assentiment populaire, chaque mois un taël est versé directement à la famille du soldat et celle-ci est exemptée d’impôt si l’homme donne satisfaction ».

Les troupes déjà formées suivant les règlements nouveaux, sont d’une apparence impeccable. Leur instruction militaire est excellente et leur tenue parfaite. Leur instruction intellectuelle et morale, n’est pas moins soignée. « Des salles d’école sont aménagées dans les casernes ; des salles de lecture, munies de livres chinois et de publications européennes illustrées, sont à la disposition des soldats. »

Plusieurs grands arsenaux sont en création. Les services auxiliaires ont été réorganisés. La mobilisation est préparée avec une attention extrême. Les officiers reçoivent leur formation dans des écoles spéciales. Bref, c’est une reconstitution complète de l’armée chinoise, d’après les meilleurs principes de l’art militaire contemporain. Les manœuvres de 1905 et de 1906, ont produit sur les assistants européens, attachés militaires et reporters, l’impression la plus saisissante.

Nous voudrions souhaiter que ces symptômes de régénération de la Chine servent d’avertissement aux Européens imprudents qui, chaque jour, par leur brutalité à l’égard des Célestes, accumulent sur nos têtes de terribles rancunes et d’insatiables haines. Nous avons cru longtemps les Chinois rebelles au progrès, sans nous apercevoir qu’ils se méfiaient surtout des intermédiaires qui le lui imposaient sans égards. Convaincus de son utilité, ils l’ont finalement adopté mais sans s’européaniser le moins du monde. À mesure qu’ils se rapprochent de nous en force et en savoir, ils s’en éloignent en sentiment et en raison. Ils impriment à ce qu’ils nous empruntent un tel cachet national qu’ils se l’assimilent complètement et ne semblent plus nous le devoir. « Alors que notre vanité croit assister au triomphe de notre modernisme sur une civilisation démodée, le Chinois reste parfaitement convaincu de sa propre supériorité. Son esprit accessible aux nouveautés lui fait apprécier les avantages de nos inventions, mais il en tire ce qui