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REVUE POUR LES FRANÇAIS

bre de mandarins qui passent pour exercer une action efficace à la cour. Tous lui ont laissé l’impression d’hommes parfaitement acquis à la cause du progrès moderne ; tous travaillent, sans nervosité mais sans faiblesse, à préparer l’évolution de la Chine en la tenant à l’abri du double péril de la révolution et de la réaction. « L’Europe ne connaît rien de notre pays, affirment-ils, et si nous suivions vos conseils nous serions bientôt affolés. Mais, sachez-le, nous ne vous écouterons pas. Nous progresserons à notre manière, pas à la vôtre, et nous deviendrons d’autant plus forts que nous saurons toujours rester nous-mêmes. »

En fait ils ont déjà prouvé leur volonté d’adopter nos perfectionnements. « Il y a aujourd’hui 53.000 kilomètres de lignes télégraphiques, la plupart chinoises, qui couvrent tout l’empire, et 1.626 bureaux de poste officiels, sans parler des services postaux qu’entretiennent les puissances ni des agences privées. Le téléphone est installé partout et relié à toutes les administrations. Le vice-roi du Petchili, dont la résidence officielle est à Pao-ting-fou, est obligé, pour surveiller les alliés installés à Tienci tsin, de demeurer dans cette dernière ville : c’est par le téléphone qu’il dirige ses bureaux restés à Pao-ting-fou, à cent kilomètres ! »

Cependant la construction des chemins de fer est poussée activement et ce sont les Chinois eux-mêmes qui prétendent les exécuter, pour leur compte, avec leurs capitaux. Le chemin de fer est entré dans les mœurs avec une étonnante rapidité : « Voyageurs et marchandises abondent ; chauffeurs, mécaniciens, employés, ouvriers de la voie et des ateliers de construction, tous sont Chinois, sous la direction de quelques Européens. » « Si la Chine ne se couvre pas plus vite de voies ferrées, c’est que l’argent lui fait défaut et qu’elle refuse de passer sous les fourches caudines des capitalistes étrangers ; mais ce n’est plus la volonté qui manque et les ressources seront trouvées. » Toutes les classes de la société, jusqu’aux coolies, n’ont-elles pas récemment souscrit avec enthousiasme pour racheter aux Américains la concession du Canton-Hankéou ? Avant quelques années le chemin de fer de Canton à Péking sera achevé, qui traversera la Chine de part en part. Quelle transformation depuis l’époque du soulèvement boxeur !… Même chose dans l’ordre intellectuel. Les Chinois ont parfaite-