Page:Revue pour les français, T1, 1906.djvu/574

Cette page a été validée par deux contributeurs.
432
REVUE POUR LES FRANÇAIS

l’Acadie et la partie baignée par les bassins de l’Ohio et du Mississipi, territoires continus dont la valeur s’est accusée : il nous reste à présent les deux îles de Saint-Pierre et Miquelon, satellites de Terre-Neuve, terres désolées, improductives, pas plus grandes que trois fois Paris et peuplées de 6.000 habitants ! Misérable vestige d’un splendide héritage !

Saint-Pierre et Miquelon.

Le groupe de Saint-Pierre et Miquelon, augmenté de l’île aux Chiens, des deux Colombier, de l’île Massacre, etc., vaut seulement par sa situation comme centre des pêcheries françaises de l’Atlantique. Malheureusement, la pêche est moins fructueuse depuis quelques années, l’armement se ralentit et la vieille colonie voit peu à peu décroître sa prospérité. Son commerce, qui dépassait 28 millions de francs en 1890, est tombé à 13 millions 800.000 francs en 1904. Il est probable qu’elle aura bientôt perdu toute importance.

Les Antilles françaises.

L’île de la Martinique et l’archipel de la Guadeloupe sont, comme la Réunion, de vieilles colonies sucrières. Elles souffrent du même mal. La surproduction du sucre de betterave européen ayant déterminé un abaissement général des prix, leurs planteurs et leurs raffineurs de sucre de canne n’ont pu soutenir la concurrence. Ils en vendaient pour 40 millions de francs en 1880, ils en ont exporté seulement pour 15 millions en 1904.

Sans parler des cyclones et des épouvantables cataclysmes qui se sont abattus sur elles, la dépréciation du rhum et du café leur a aussi porté grand préjudice. À ces perturbations économiques s’est ajoutée une crise sociale dont les fâcheux échos sont maintes fois parvenus jusqu’à nous. De sorte que ces îles, dont la richesse est proverbiale et la situation merveilleuse, s’appauvrissent peu à peu pour avoir obéi trop longtemps aux traditions qui firent autrefois leur fortune. Elles doivent se rénover en supprimant progressivement leurs plantations de canne à sucre et en les remplaçant par des cultures meilleures.

La Martinique et la Guadeloupe, peuplées en majorité de métis, sont respectivement représentées au parlement français par un