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LA FRANCE COLONIALE

festent à propos des plus petits faits comme dans les plus graves circonstances ; les gouvernements européens eux-mêmes adoptèrent trop souvent vis-à-vis des autorités chinoises une politique aussi brutale et maladroite. Songeant à l’incident de l’auberge, je la qualifie volontiers de « politique des pieds dans le plat. » Nous savons que la France s’est montrée quelquefois plus modérée que les autres « grandes puissances », il n’en est pas moins vrai qu’elle souffrira un jour de leur méprise comme j’ai failli moi-même pour la faute d’un… mettons d’un sauvage à peau blanche : je ne veux pas dire sa nationalité.

Croyez-vous que ces pratiques soient jamais efficaces ? Et on nous parle ensuite de la haine des Chinois, de leur duplicité, du péril jaune ! Ayons donc la franchise de nous en reconnaître les auteurs : le péril jaune naîtra du « péril blanc. » Le jour où les Chinois, exaspérés contre l’Europe, auront pris conscience de leur force, ils nous chasseront de leur voisinage. Ce jour là, nous serons bien obligés de « lâcher » l’Asie.

Ces réflexions m’ont entraîné à insister précédemment sur l’importance de notre empire d’Afrique. Il ne faudrait pas en conclure que nous devons attacher moins de prix à nos colonies d’Indo-Chine. D’abord, la Chine s’éveille à peine et beaucoup d’années s’écouleront avant qu’elle soit capable d’user de représailles envers nous. Ensuite ces colonies elles-mêmes nous garantissent une compensation très rapide aux efforts dépensés pour leur mise en valeur. Ne ménageons pas ces efforts et profitons des avantages présents sans nous laisser influencer par la crainte des périls à venir. Ceux-ci, quoiqu’il arrive, n’atteindront pas ceux-là. L’Asie française est assez riche pour acquitter bientôt sa dette envers la métropole et lui payer comptant l’intérêt de son concours.


L’AMÉRIQUE FRANÇAISE


C’est en Amérique que la vieille colonisation française s’est affirmée avec le plus de vigueur. Chacun sait quel immense empire nos aïeux y avaient formé, qui fut abandonné presque volontairement par la France de Louis xv. Du cap Charles au golfe du Mexique nous possédions, dans l’Amérique du Nord, le Canada,