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LA FRANCE COLONIALE

notre protection. À la renaissance du Siam, opposons la rénovation du Cambodge. Issues ou non des anciens Khmers, ses populations sont très douées, très portées au progrès : leur éducation sera facile.

Le Cambodge, longtemps méconnu par l’administration coloniale, est aujourd’hui renommé pour la richesse et la variété de ses ressources. Il est le principal producteur de poivre et de coton de toute l’union indo-chinoise, il est aussi son premier centre d’élevage et l’un des plus gros fournisseurs de poisson de l’Extrême Orient tout entier.

Les pays du Laos occupent le centre de la péninsule indo-chinoise et sont partagés entre la France, le Siam et les États Chans. Le Laos français, qui s’étend de la Chine au Cambodge d’une part, du Mékong à la grande chaîne annamitique d’autre part, n’en est pas la partie la mieux favorisée. Il ne manque pas de ressources mais sa population est extrêmement clairsemée.

Sans cesse dévasté par les incursions de ses voisins chinois, annamites ou siamois, le Laos était autrefois divisé en un grand nombre de petites principautés : la France a respecté leur organisation, y ajoutant le lien d’une administration supérieure commune. Assez peu connu et peu exploité jusqu’alors, il manque de communications, d’outillage et de main d’œuvre. On dit merveille de ses forêts, on lui prédit un grand avenir minier. Dans l’état présent sa valeur tient surtout à l’élevage, au caoutchouc et à la culture du coton.

L’empire d’Annam est un vieil édifice historique dont l’origine remonte à l’an 2800 avant notre ère. Il perdit son indépendance en 111 avant J.-C. pour subir jusqu’au xe siècle la domination chinoise dont s’émancipa définitivement le fameux Dinh-tien-hoang, un berger selon les uns, un chef de voleurs pour les autres, plus simplement sans doute le fils d’un gouverneur chinois, qui fonda la première dynastie annamite de l’époque moderne. La sixième s’achève en ce moment sur la tête du jeune empereur fou dont les exploits navrants viennent de nous être racontés : son origine remonte au temps des premières relations officielles entre l’Annam et la France.

C’était vers 1785 : l’héritier du trône, Nguyen Anh, chassé de ses États par la révolution des Tai so’n, réfugié à Saigon, y subit