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REVUE POUR LES FRANÇAIS

Ces résultats sont dûs en grande partie à l’œuvre de colonisation officielle qui a permis de fixer aux indigènes et aux colons des emplacements favorables en leur fournissant les moyens de les mettre en valeur. Ainsi furent installées en moins de trente ans — de 1871 à 1895 — quinze mille familles françaises, population rurale qui compte plus de 100.000 membres. Leur race, saine et féconde, a déjà subi l’influence de son entourage et présente une physionomie originale. Leur type se transforme, leur langage se caractérise par un accent particulier, leur mentalité change. Ils forment véritablement une France nouvelle qui promet de nous faire grand honneur.

Malheureusement les immigrants espagnols et italiens deviennent chaque année plus nombreux et, malgré les efforts tentés par l’administration française pour les franciser rapidement, menacent de l’emporter sur nos colons. Ce danger doit être combattu par une publicité plus large des avantages offerts là-bas aux Français de bonne volonté. Il faut dire à nos paysans qui s’en vont s’étioler dans les villes quelle existence privilégiée les attend sous ce ciel merveilleux où d’immenses territoires fertiles sont encore à leur distribuer.

Ses richesses naturelles, considérables, sont encore loin d’être convenablement exploitées et pourtant l’Algérie jouit déjà d’une grande prospérité. Sans doute la France s’est imposé d’énormes sacrifices pour hâter sa pacification et sa mise en valeur, elle n’a pas ménagé son sang ni son argent, mais c’était raisonnable : elle s’en trouve largement payée. L’Algérie n’est pas seulement pour elle un immense grenier, elle fut aussi la porte ouverte à notre expansion nationale dans les pays qui l’avoisinent et reste un point d’appui utile à la préservation et au progrès de toute l’Afrique française.

La Tunisie.

La Tunisie couvre une superficie égale à la moitié de l’Italie. Son histoire se confond jusqu’au xixe siècle avec celle de toute l’Afrique du Nord. Restée indépendante après notre conquête de l’Algérie, elle est devenue protectorat français en 1881. La Tunisie qui tient beaucoup de la grande voisine dont elle n’est séparée par aucune limite naturelle, s’en distingue heureusement par son homogénéité territoriale, par sa température à la fois plus égale et