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LA FRANCE COLONIALE

Vandales (429), les Byzantins (553), les Arabes (711), les Turcs (1518) et les Français. Ces dominations successives et les luttes qui les accompagnèrent furent peu favorables au progrès de l’Algérie. Seuls les Romains y entreprirent une véritable colonisation qui s’affirme encore de nos jours par de nombreux vestiges. Ils en firent leur grenier d’abondance, y poursuivirent de gigantesques travaux d’art, y construisirent d’immenses cités, telle cette admirable Timgad — la Pompéi africaine — avec sa majestueuse voie triomphale, son forum, son théâtre, que nos archéologues ont fait sortir de la poussière et qui donnent à l’Afrique romaine une figure plus énorme encore que celle que nous lui supposions d’après l’Histoire.

Après les Romains les Arabes, par l’importation de l’islamisme, révolutionnèrent le pays, entraînant ses habitants à la conquête de l’Espagne et leur laissant l’empreinte inaltérable de leur civilisation. Plus tard les Turcs en firent un repaire de brigands dont les excès amenèrent, en 1830, l’intervention française.

La résistance des indigènes, générale jusqu’en 1846, se perpétua longtemps encore par des insurrections partielles. L’agitation de certaines tribus, à peine éteinte de nos jours, nécessita la division du pays en territoire civil et territoire militaire : par les empiètements successifs du premier sur le second nous pouvons juger des progrès de la pacification.

À présent l’Algérie est bien une terre française. Pour la première fois en contact avec des populations musulmanes, nos gouvernements les ont d’abord traitées maladroitement et n’ont pas su gagner leur loyalisme. La politique actuelle, de plus en plus algérienne, réussira sans doute à les attacher à la France par un double lien d’intérêt et de reconnaissance ; elle saura satisfaire en même temps les légitimes désirs de la population européenne qui prétend exercer sur l’administration locale de son pays d’adoption une influence prépondérante.

L’Algérie, dont le climat est presque partout agréable à l’Européen et parfaitement salubre, est une merveilleuse colonie de peuplement. La population européenne qui n’atteignait que 35.000 âmes en 1841, se chiffre aujourd’hui par plus de 600.000 et représente plus du septième de la population arabe. Elle augmente rapidement. Les Français d’origine y tiennent la première place : ils sont 365.000 ; les naturalisés Français sont 129.000 ; les Espagnols 155.000 ; les Italiens 38.000.