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LA FRANCE COLONIALE

travailleront là-bas solidairement. Par leurs œuvres augmentera la fortune publique, c’est-à-dire le bien-être commun. Ainsi se développeront ces entreprises de prévoyance et d’assistance dont la nécessité s’affirme à tous nos cœurs et dont la conception restera l’honneur de notre époque. La voilà l’évolution saine, basée sur le respect et l’affection mutuels, qui développera parmi tous les hommes et en particulier parmi les hommes d’une même patrie le sentiment de leur confraternité. Voilà le vrai progrès. En le favorisant au milieu de nous, l’expansion coloniale de la France apparaît comme un instrument de paix et de justice sociale. Sachons nous en servir et laissons aux exploiteurs du peuple le criminel désir de lui voir substituer leurs instruments de haine.

Les colonies et l’humanité

J’en arrive à considérer une autre accusation très grave portée contre les entreprises coloniales : celle d’inhumanité. « Vous prétendez porter la civilisation par tout le monde et faire le bien des peuples malgré eux, s’écrient leurs détracteurs ; en réalité vous semez la terreur et la servitude. Vous vous dites des apôtres et vous êtes des bourreaux ! » Trop d’exemples ont corroboré cette accusation. Je ne saurais nier que notre histoire coloniale en soit indemne. Elle contient plus d’une page inutilement sanglante, bien des mesures injustes, beaucoup d’abus cruels… et quelques crimes. Mais faut-il ne penser qu’au mal ? faut-il juger cette œuvre colossale uniquement d’après ses défauts ? faut-il pour une erreur oublier cent bienfaits ? Ce serait commettre une injustice flagrante. En vérité nos administrateurs, nos soldats, nos colons ont quelquefois manqué de patience : ceux-là seuls qui n’ont pas vécu la même existence et qui n’ont étudié les questions coloniales que dans leur chambre de travail oseront leur refuser quelque circonstance atténuante…

Quoi qu’il en soit, nous ne devons pas oublier notre jeunesse et notre inexpérience en matière coloniale. Nous devons surtout mettre en lumière les progrès très rapides que nous avons su accomplir et la façon dont nous utilisons dès à présent les leçons d’un passé à peine écoulé. Peu à peu s’effondrent les principes d’antan, les grandes théories hors desquelles on n’espérait jadis aucun salut, et voici que la colonisation apparaît non plus