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LA FRANCE COLONIALE

de distance vous permet de mesurer l’effort colonial de la France contemporaine.

Cet effort est d’autant plus remarquable qu’il fut accompli par un petit nombre d’hommes énergiques et tenaces en présence de l’indifférence de la masse. La plupart des français ont compris très tard — beaucoup n’ont pas encore compris — que l’avenir de la France était lié désormais à son expansion.

Quantité se représentent la vie coloniale comme une vie d’aventures, les coloniaux comme des aventuriers ; il leur semble qu’on va aux colonies en désespoir de cause, pour avoir épuisé dans la métropole ses dernières chances de succès.

Quelle erreur ! et quelle faute ! Combien de jeunes gens actuellement avachis sur leurs ronds de cuirs, gagnant à ne rien faire de quoi vivre chichement, pourraient aux colonies mener une vie indépendante et saine en y réalisant une fortune honorable. Car on s’y enrichit, Messieurs, par son travail. C’est une erreur fondamentale de considérer les colonies comme un gouffre où s’engloutissent sans résultat les fortunes et les bonnes volontés. Bien au contraire elles sont comme un réservoir de richesses où chacun de nous, du plus puissant au plus misérable, est susceptible de puiser.

Le coût des colonies

Une autre erreur, également répandue, consiste à considérer les colonies comme des parasites de la mère-patrie. « Vous nous la baillez belle avec vos promesses de richesses, crient sans cesse les anticoloniaux ; en attendant, les colonies nous coûtent ! » Opposez-leur ces chiffres :

Les subventions fournies par l’État français à ses colonies atteignent aujourd’hui 2.953.000 francs ; par contre, l’Indo-Chine fournit un contingent de 13.500.000 fr. Madagascar 100.000 fr., l’Afrique occidentale 100.000 fr. — il est question de lui en demander 1.500.000. Il en résulte que l’État français reçoit 11 millions de plus qu’il ne donne.

Nous savons bien que les subventions directes aux colonies n’entrent que pour une faible part dans les charges qu’elles nous imposent. Notre budget des colonies atteint 110 millions et beaucoup de dépenses accessoires n’y figurent pas. Il n’en est pas moins vrai que la France tire chaque année de ses possessions des