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tage paternel ; mais trahi, découragé, à demi vaincu par ses frères à la bataille de Fontanet, il signa avec eux le traité de Verdun qui consacrait le démembrement de l’empire.

Après Lothaire, le titre impérial fut porté par son fils Louis II qu’il avait de son vivant fait roi d’Italie. Puis ce prince étant mort sans laisser d’héritier mâle, ce fut le roi de France Charles le Chauve dernier fils de Louis le Débonnaire qui se fit couronner empereur par le pape le 25 décembre 875, soixante quinze ans jour pour jour après le couronnement de Charlemagne. À Charles le Chauve succéda son cousin, Charles le Gros, roi de Germanie, petit fils de Louis le Débonnaire ; un instant ce prince se trouva possesseur de l’héritage entier de son illustre aïeul car ses frères moururent avant lui sans héritiers et les Français en 885 l’élirent pour leur roi. Mais deux ans plus tard, ils le déposèrent. L’empire de Charlemagne d’ailleurs n’était plus que l’ombre de ce qu’il était encore pendant les dix premières années qui suivirent la disparition du fondateur. Les Normands ravageant la Frise et les côtes de France parvenaient jusqu’à Aix-la-Chapelle, à Paris et à Nantes ; les Sarrasins dévastaient le sud de l’Italie et prenaient pied en Provence ; en Allemagne, c’étaient les peuples Slaves (Bohèmes, Dalmates, Moraves), qui menaçaient la sécurité et troublaient l’ordre public. Au dedans de l’empire, l’impuissance et la faiblesse se révélaient partout. Chacun tirait à soi ; ce n’étaient qu’intrigues, fourberies, paroles reprises et pactes violés. Après Charles le Gros, Arnulf un descendant bâtard de Charlemagne puis deux princes italiens, Gui et Lambert de Spolete, enfin un arrière petit-fils de Lothaire reçurent successivement la couronne impériale laquelle ne répondait plus à aucune réalité. De 924 à 963, nul ne porta le titre d’empereur. Cette année là, il fut relevé par Othon Ier, fils du fondateur de la maison de Saxe, Henri Ier lequel en avait été salué déjà par ses soldats. Appelé en Italie, Othon fut couronné à Rome ; et ce fut l’origine du Saint Empire romain-germanique.

L’œuvre de Charlemagne

Ce n’est pas ici le lieu d’étudier la genèse et le développement de cette singulière institution. Mais il convient de se demander par quels liens elle se rattacha à la création de Charlemagne car c’est à la fois le moyen de mieux saisir le caractère et la portée de