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REVUE POUR LES FRANÇAIS

giens nous l’affirment — viole le droit canonique. Au point de vue ultramontain la décision du Pape est donc absolument correcte et justifiée.

Il n’en est pas, hélas ! tout à fait de même au point de vue français. Les Français savent que la loi de séparation présentait des garanties suffisantes à l’exercice du culte : n’étant pas tous théologiens, ils comprendront difficilement les raisons qui s’opposent à propos de la France à la création de sociétés cultuelles qui existent en d’autres pays, et ils se permettront peut-être de juger fâcheusement la rigueur un peu rancunière du Souverain Pontife.

Sans doute la résistance des catholiques entraverait l’application de la loi et causerait de sérieux embarras au gouvernement français. Mais à quoi bon ? que gagnerait la France à ces luttes ? et qu’y gagneraient les catholiques eux-mêmes ? Nous souhaitons plutôt que les évêques, soucieux de la paix sociale et des intérêts de la nation, trouvent moyen — on nous dit que l’encyclique peut être ainsi « interprétée » — de concilier encore l’obéissance au Pape avec la soumission aux lois.


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L’ANGLICANISME À SON POINT D’ARRIVÉE



La division des églises chrétiennes en trois groupes principaux : catholique, protestant, orthodoxe — a cessé depuis quelque temps déjà d’être exacte. En effet, le groupe anglican (avec son annexe transatlantique qui porte la dénomination d’église « épiscopalienne ») ne saurait être confondu avec aucun de ces trois groupes. Les anglicans ne ressemblent guère aux orthodoxes ; ils ne ressemblent pas du tout aux protestants. Et s’ils ont parfois donné l’impression d’un retour possible au bercail catholique, cette impression toute superficielle et passagère ne résiste pas à un examen sérieux de la question. La vérité c’est que l’anglicanisme a lentement évolué pendant tout le xixème siècle vers un terme qu’il a récemment atteint et qui lui confère désormais ses caractères essentiels. Cette évolution était fatale. En effet, par ses formes, la religion anglicane se trouvait être devenue anti-anglaise, situation qui, évidemment, ne pouvait se perpétuer.