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qui le composent. Ce besoin de mouvement se traduit particulièrement dans la facilité avec laquelle le Chinois se déplace et profite des moyens de transport créés dans son pays par les Occidentaux. Nous n’avons rencontré nulle part une telle affluence de voyageurs indigènes. Ajoutez à cela un trafic commercial intense, et vous serez bientôt convaincus des bénéfices réalisés par les Compagnies de navigation maritime et fluviale qui ont su établir à propos des services de transport entre les centres les plus peuplés ou les plus commerçants de ce pays.

Les Français sont hélas ! restés très en arrière de leurs concurrents et c’est bien tard qu’ils se décident à créer çà et là quelques lignes. Nous ne pouvons, par exemple, imaginer comment il ne s’est pas trouvé, depuis bientôt cinquante ans que le Yang Tsé est ouvert à la navigation européenne, un seul de nos agents diplomatiques ou consulaires pour mener à bien la création d’un service de bateaux français sur ce fleuve magnifique dont le bassin constitue l’une des plus riches régions du monde. Il a fallu l’arrivée de M. Doumer au Gouvernement général de l’Indo-Chine et l’attribution d’une subvention annuelle de 175.000 francs pendant dix ans sur le budget de la colonie pour décider cette création. La maison Racine-Ackerman, la principale firme française d’Extrême-Orient, s’en est chargée et vient de mettre en service trois beaux vapeurs entre Shanghaï et Hankéou avec escales aux principaux ports intermédiaires. Elle a témoigné d’une grande habileté en constituant, à cet effet, une société franco-chinoise — la Compagnie asiatique de navigation — dans laquelle sont entrés de nombreux actionnaires indigènes, gros négociants pour la plupart et par conséquent chargeurs éventuels de ses navires. Elle a également obtenu à Shanghaï et à Hankéou des positions d’accostage extrêmement avantageuses par rapport aux compagnies rivales. Tout serait donc pour le mieux sans les difficultés soulevées par deux consuls Anglais qui prétendent empêcher nos vapeurs de faire escale aux ports très importants de Kiu-Kiang et Tching-Kiang où leur juridiction s’exerce, sous prétexte que nos pontons atterrissent à la concession britannique.

Cette opposition est purement scandaleuse et malveillante. Dans plusieurs grands ports, à Shanghaï en particulier, les navires anglais ont, pour leur grand profit, accosté leurs pontons en concession française. Le gouvernement français n’en est que mieux armé pour réclamer une réciprocité de traitement et nous sommes