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LE JAPON JUGÉ PAR UN JAPONAIS

vous accordons ses défauts, concédez-nous ses qualités. Les premiers n’ont fait tort qu’à lui-même, les autres ont profité à la Belgique entière. La distinction est capitale. On n’y songe pas, généralement. C’est ainsi qu’on écorche l’Histoire…


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LE JAPON JUGÉ PAR UN JAPONAIS



L’Empire du Soleil levant, un vol. Paris, Hachette et Cie, 1900, par le baron Suyematzu. Traduit de l’anglais par la Princesse de Faucigny-Lucinge.



Le baron Suyematzu poursuit avec zèle la tâche qu’il s’est tracée de faire apprécier son pays par l’opinion européenne. L’accomplissement de cette tâche nous vaut d’intéressants travaux.

L’Empire du Soleil levant comprend trois parties principales. Dans la première, intitulée « Avant la guerre », l’auteur constate que depuis cinquante années la Russie n’a jamais manqué une occasion d’affirmer son hostilité à l’égard du Japon qui en aurait beaucoup souffert sans l’appui amical que lui prêta maintes fois la diplomatie britannique. Ainsi la guerre de Mandchourie et l’alliance anglaise ont des causes lointaines et profondes qui dominent toute l’histoire récente de l’Extrême Orient. Cet exposé rétrospectif est très précis.

La seconde partie « Une nation en transformation » est la plus captivante. Le baron Suyematzu insiste beaucoup sur ce fait que les idées européennes avaient pénétré au Japon bien avant la Restauration : sa transformation fut, par conséquent moins précipitée qu’on ne se le figure habituellement chez nous. C’est la thèse même que nous avons soutenue dans cette Revue au cours d’un article sur le Japon tel qu’il est.

Le baron Suyematzu avoue, d’ailleurs sans restrictions, ce que le Japon doit à l’Europe. Son opinion vaut d’être soulignée et opposée aux allégations ridicules de certains journaux japonais qui répandent dans le peuple, là-bas, des idées contraires. « Nous ne sommes pas un peuple de grande imagination, écrit-il, dans un