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LA POLOGNE INCONNUE

illustre qui fut alors, il sembla que la régénération dut s’en suivre. Sobieski s’y dépensa sans compter, mais, hélas ! sans succès ; la gloire militaire acquise par lui contre les Turcs lui assurait le respect, mais non point l’obéissance de ses sujets. Ils étaient fiers de lui mais ne l’écoutaient pas.

Les partages

Sobieski mourut en 1696, sept cents ans après l’entrée de la Pologne sur la scène historique. Depuis sa mort jusqu’au premier partage, soixante-quinze ans s’écoulèrent encore ; c’est l’époque de l’histoire polonaise la mieux connue et la moins digne de l’être. Le règne d’Auguste de Saxe, celui de Stanislas Leczinski ne firent que précipiter la ruine ; la scission se fit très profonde entre le Sénat et les libéraux d’un côté, les nobles de l’autre ; les premiers étaient partisans de réformes radicales auxquelles les seconds, appuyés par les Jésuites et le clergé romain, s’opposaient très énergiquement. Le fanatisme qui allait se développant sans cesse amena la guerre civile et d’affreux massacres. Ces événements servaient les desseins de Frédéric ii car c’est lui qui avait conçu l’idée d’un partage et avait obligé Catherine et Marie-Thérèse à accueillir cette idée malgré leurs répugnances. Les troupes prussiennes et autrichiennes saisirent le premier prétexte venu pour envahir la Pologne. Le roi (Stanislas Poniatowski avait été élu roi à la mort d’Auguste iii) et le peuple ne se trouvaient pas en état de résister à cette agression. Marie-Thérèse prit au sud la portion comprise entre la Silésie et la Bukovine, peuplée d’environ deux millions et demi d’habitants dont elle forma un royaume de Galicie. Frédéric s’empara des territoires septentrionaux qui s’étendaient entre l’ancien duché de Prusse et le Brandebourg environ 1900 lieues carrées avec 900.000 habitants ; Catherine eut la rive droite de la Douna soit 1.600.000 habitants. C’était le tiers de la Pologne qui s’en allait ainsi.

Il se trouva une Diète pour sanctionner, l’or étranger aidant, cette honteuse solution. Mais le peuple en ressentit cruellement l’humiliation et le réveil s’annonça. Poniatowski, cette justice lui est due, se dévoua de toutes ses forces au relèvement de son malheureux pays. D’importantes réformes furent décidées concernant