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BENJAMIN FRANKLIN

Le nouveau bey.

Le nouveau bey de Tunis est comme les peuples heureux : il n’a pas d’histoire. On sait de lui qu’il n’aimait guère son prédécesseur et qu’il parle assez mal le français, ce qui témoigne de médiocres capacités intellectuelles car, en qualité d’héritier présomptif tenu à l’écart, il avait tout le temps de se préparer aux tâches éventuelles qui lui incomberaient. Par contre, on le dit bien intentionné et de bonne volonté. Il a reçu l’investiture du représentant de la France dans une cérémonie qui était de nature à causer une salutaire impression sur les indigènes. Ceux-ci ont compris par les brèves paroles et le geste significatif du secrétaire général de la Résidence remplaçant le résident absent que, si leur souverain tenait son pouvoir du droit dynastique, c’est la République qui lui donnait la permission de l’exercer. Ils le savaient mais ces choses-là sont toujours bonnes à rappeler.


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BENJAMIN FRANKLIN



La vie de Benjamin Franklin offre une ample matière à l’étude du moraliste, du savant et de l’historien. La dignité de son existence tant publique que privée et les règles de conduite auxquelles il sut constamment se soumettre après qu’il les eût lui-même établies ; sa méthode, ses recherches et ses découvertes scientifiques ; la part éminente, et parfois prépondérante qu’il prit aux grands événements dont l’Amérique du Nord fut le théâtre au dix-huitième siècle présentent, au triple point de vue éthique, scientifique et historique un intérêt de premier ordre. Sa vie donne l’image la mieux achevée peut-être de ce que l’alliance harmonieuse et ininterrompue de la théorie et de la pratique, de la pensée et de l’action peut produire. Franklin ne croyait pas qu’il suffit à un moraliste de rédiger des préceptes pour avoir épuisé sa mission ni à un savant d’édifier une théorie pour être quitte avec sa tâche.