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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

et la France ont appuyé diplomatiquement l’Angleterre. Il est donc certain que l’empereur Guillaume n’a pas encore compris l’imprudence de sa politique d’excitation musulmane et que, d’autre part, l’entente anglo-franco-russe est en bonne voie.

Tel est cet incident qui va faire couler beaucoup d’encre encore — mais point de sang, espérons-le — avant d’être réglé. Il en est d’autres plus obscurs, moins visibles et qui s’annoncent gros de conséquences. Nous voulons parler de l’affaire du Natal, du bill sur l’éducation publique et enfin de la victoire récente remportée par le parti ouvrier à propos de la responsabilité des Trades Unions. L’insurrection qui a éclaté il y a trois mois dans la colonie du Natal a été causée par l’établissement d’une taxe trop lourde pour les ressources des indigènes et qui semble avoir été calculée à dessein pour amener ceux-ci à s’enrichir en… allant travailler dans les mines. Les Zoulous ont préféré se rebeller et ils ont tué un officier de police qui accompagnait des agents du fisc. La répression fut impitoyable. On mit à mort deux indigènes et douze autres allaient subir le même sort quand la métropole jugea humain d’intervenir. Cette immixtion provoqua à Johannesburg une émotion indescriptible. Les ministres protestèrent en démissionnant ; un mouvement séparatiste menaçant de naître, le gouvernement britannique céda. Les autorités du Natal sont libres désormais d’agir à leur guise ; elles repoussent avec hauteur l’appui métropolitain et préparent contre les révoltés une guerre d’extermination pour laquelle elles ont dores et déjà le concours des Boers. La haine du noir va-t-elle donc, en réconciliant Anglais et Hollandais, refaire l’unité morale de l’Afrique du Sud ?

Autres choses d’Angleterre.

Avant 1870, les écoles primaires du Royaume Uni se trouvaient pour la plupart entre les mains de l’Église anglicane ; les catholiques et les méthodistes en détenaient quelques-unes ; aucune n’était neutre. À cette date Gladstone fit adopter sans trop de peine une loi nouvelle qui créait des écoles laïques dirigées par des comités locaux élus et dans lesquelles l’enseignement religieux n’était donné aux enfants qu’en conformité avec la volonté de leurs parents. Cette loi d’ailleurs n’avait supprimé aucune des