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À PROPOS DE SAUVETAGE

Life Saving Society fait une propagande considérable par l’exhibition qu’elle organise et à laquelle assistent, alignés sur les bords du lac et pressés sur plusieurs rangs, des enfants de 8 à 15 ans, comme nous ayons pu nous en rendre compte chaque fois qu’il nous a été donné de jouir de ce spectacle.

Mais il y a une autre observation qu’il est bon de rapporter. En 1900, à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris, des concours de sauvetage furent organisés, auxquels l’étranger fut convié. L’étranger, dans la personne de trois Écossais de Glascow, nous donna une admirable leçon qui ne porta d’ailleurs aucun fruit. L’épreuve consistait à aller en barque porter secours à une personne — en la circonstance représentée par un mannequin — qui était en train de se noyer à 200 mètres du point de départ des bateaux sauveteurs. Le canot écossais était monté par trois hommes ; deux ramaient en couple, le troisième donnait la direction en maniant un aviron de queue. Ils eurent assez vite fait de dépasser leurs adversaires et, dès qu’ils arrivèrent à proximité du mannequin, l’homme qui ramait à l’avant, c’est-à-dire le plus rapproché du mannequin, lâcha ses avirons et se porta à l’avant pour saisir et embarquer l’imitation-man. Dès qu’il eut accompli sa besogne, le rameur qui précédemment donnait la nage, céda sa place à celui qui maniait l’aviron de queue et s’installa au banc du rameur qui avait hissé à bord le mannequin ; mais tous deux, en s’asseyant, tournèrent le dos à la direction d’où ils venaient et ramèrent rigoureusement vers le point de départ qu’ils atteignirent longtemps avant aucun de leurs concurrents. On remarquera, en effet, que nos Écossais, par la manœuvre qu’ils avaient adoptée, n’eurent point à virer de bord pour reprendre leur route en sens inverse ; ils eurent simplement à pivoter sur eux-mêmes pour repartir sans délai dans la direction d’où ils venaient. Leur méthode, remarquable de simplicité, comporte encore d’autres avantages qui concourent tous de la manière la plus efficace à gagner du temps, élément primordial de succès en pareil cas. L’homme qui dirige l’embarcation avec un aviron de queue ne donne pas seulement la direction avec plus de sûreté que ne le ferait un gouvernail, il imprime aussi un mouvement de propulsion au bateau dont toute inclinaison du gouvernail casse la vitesse et, de plus, jusqu’au dernier moment, il est essentiellement maître de sa direction, ce qui n’est pas toujours le cas avec un gouvernail. Dans la circonstance que nous évoquons, les Écossais placèrent leur embarcation