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REVUE GÉNÉRALE


ÉTUDES CRIMINELLES ET PÉNALES


I

Je ne sais si je m’abuse, si je prends mes désirs pour la réalité ; mais il me semble que la crise du Droit pénal commence à devenir moins aiguë, et laisse entrevoir déjà la probabilité de certaines solutions conformes à des idées dont j’ai eu souvent l’honneur d’entretenir les lecteurs de la Revue. Pour leur faire partager cette impression, je n’aurai, je crois, qu’à feuilleter rapidement avec eux, force livres ou brochures qui encombrent ma table de travail où ils s’accumulent depuis bientôt dix-huit mois.

Tout d’abord, il est à noter que les deux grandes sources de Jouvence où les études pénales ont puisé abondamment et trouvé un rajeunissement inespéré, à savoir la méthode anthropologique et la méthode statistique, donnent des signes d’épuisement. Ce n’est pas à dire qu’elles tarissent ; loin de là, elles coulent toujours plus fort, mais l’une et l’autre de ces deux fontaines, la première surtout, paraissent avoir déjà donné, en fait de résultats généraux, tout ce qu’on pouvait momentanément attendre d’elles. Certes, je sais bien que M. Lombroso ni ses élèves n’ont rien perdu de leur ardeur à mesurer fiévreusement des crânes, des pulsations, des réflexes rotuliens, et l’Archivio di psichiatria continue à emmagasiner cette volumineuse moisson de chiffres. Mais, si j’entends toujours le bruit du moulin, je ne vois guère plus la farine. Tout est dit, pour l’instant, sur le type criminel ; il reste acquis que le criminel par tempérament n’est pas un mythe et qu’il abonde en anomalies de divers genres, physiques ou psychiques ; mais il faut convenir que ce signalement un peu vague n’a pu encore être précisé. Le besoin s’est fait sentir, dans l’école lombrosienne elle-même, de tourner les recherches d’un autre côté ; aussi a-t-on vu paraître, comme complément, en apparence, mais en réalité comme suite de l’Archivio, une nouvelle Revue,