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savant n’a pas plus le droit de parler d’attraction ou d’affinité que de n’importe quelle autre force, de la déclinaison des atomes ou de Varchens insitus de Van Helmont,

Les principes de la physique, de la chimie et delà biologie ont été ramenés à des questions de mécanique, à des problèmes de la science du mouvement. C’est que, en dehors du mouvement, l’observation et l’expérience ne nous apprennent rien. Tous les symboles sous lesquels nous nous représentons le monde et nous-mêmes ne sont en dernière analyse que des signes du mouvement. Il n’y a rien de plus, on le sait, au fond de notre idée de la matière, inorganique ou vivante. « Il n’y a enjeu dans la matière organisée que des propriétés physico-chimiques, réductibles elles-mêmes à des mouvements moléculaires. Dans tous les phénomènes vitaux, il n’y a en jeu que des forces mécaniques (physico-chimiques) *. » Ainsi les forces et les qualités de la matière ont paru réductibles à des mouvements. Spéculer sur les causes du mouvement, évoquer un Olympe de forces, c’est faire œuvre de poète, non de savant. « Il paraîtra étrange d’affirmer que, même en mécanique, toute notion de la cause du mouvement, de la force, est absolument inutile. En effet, tous les problèmes qui la concernent exigent uniquement la connaissance de deux quantités mesurables par nos sens : l’accélération, qui est l’expression numérique du déplacement de la matière dans l’espace, et la masse, qui est la quantité de matière déplacée. Le produit mg de ces deux nombres, qui représente la masse et l’accélération, peut être appelé force. Le mot force représente donc un produit de deux nombres, et non la cause du mouvement de la matière ^. »

Ces principes sont aujourd’hui généralement reçus. On les trouvera appliqués presque à chaque ligne des ouvrages récents sur la psychologie physiologique des animaux et des plantes, des Protozoaires et des Protophytes en particulier, dont nous allons exposer les faits et les doctrines. Toutes les explications téléologiques et anthropomorphiques en sont bannies avec une rigueur vraiment scientifique. Si le mécanisme, si le déterminisme absolu des phéno- . Gley, art. Irritabilité du Dict. des se. mdd., p. 494 et 499. . H. Sainte-Claire Devilie, Principes généraux de la chimie d’après la thermodynamique (Rev. scient., 1868, 1, 84). Cf. Leçons sur la dissociation, 1864, p. 5 et 7. « L’affinité, considérée comme force, est une cause occulte, à moins qu’elle ne soit simplement l’expression d’une qualité de la matière ; dans ce cas, elle doit servir uniquement à désigner le fait que telles ou telles substances peuvent ou ne peuvent pas se combiner dans telles ou telles circonstances bien définies... L’affinité, définie comme la foixe qui préside aux combinaisons chimiques, a été pendant longtemps et est encore une cause occulte, une sorte iVarchée, à laquelle on rapporte tous les faits incompris, que l’on considère dès lors comme expliqués, tandis qu’ils ne sont que classés, et souvent mal classés. »