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CH. FÉRÉ.mouvements volontaires

qu’on qu’on empêche la production des convulsions externes on ne supprime pas nécessairement les décharges : les phénomènes viscéraux sont au moins aussi intenses à la suite des irritations épileptogènes du cerveau chez les animaux curarisés que chez les autres.

Ce n’est pas, je pense, un hors-d’œuvre inutile d’indiquer à propos des paralysies post-épileptiques que la doctrine de l’ « inhibition » qui a bouleversé la physiologie et la psychologie dans ces dernières années n’est qu’une hypothèse sans base expérimentale, et n’a été acceptée si facilement que parce qu’elle est un déguisement commode à notre ignorance. Je ne crois pas avoir exagéré en disant qu’elle n’est bonne qu’à produire un arrêt dans l’étude des conditions physiques des phénomènes[1].

Je ne ferai que signaler ici que la décharge épileptique peut, dans certaines circonstances, mettre en lumière le rapport qui existe entre l’énergie et la rapidité des mouvements convulsifs. Lorsqu’on enregistre simultanément les mouvements des membres dans les décharges incomplètes qui constituent les « secousses », on voit que lorsqu’un membre est le siège d’une convulsion plus faible, sa contraction est plus en retard. J’étudierai ces faits dans un autre travail.

III

L’énergie et la vitesse des mouvements volontaires à l’état normal.

Chez les individus normaux, le rapport qui existe entre l’énergie et la rapidité des mouvements volontaires est établi par des faits nombreux. On sait que, sous l’influence de la fatigue, les mouvements sont moins énergiques, et que le temps de réaction augmente. Sous l’influence de l’exercice modéré, de l’attention, de la vue du mouvement, une modification inverse se produit. Et j’ajouterai que, comme chez les hystériques et chez les épileptiques, la courbe dynamographique schématise ce rapport, en montrant par exemple que, sous l’influence de la fatigue, l’ascension, au lieu d’être verticale comme à l’état normal, monte en échelons, montrant que la contraction musculaire se fait avec peine et lentement[2].

D’autre part, si le temps de réaction est moins long chez les individus à intelligence cultivée, de nombreuses observations montrent que l’énergie de l’effort est aussi plus considérable chez ces mêmes individus[3].

  1. L’ivresse émotionnelle (Revue de médecine, 1888, p. 943).
  2. Sensation et mouvement, p. 21.
  3. Ibid., p. 4.