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CH. FÉRÉ.mouvements volontaires

d’accès relativement légers d’épilepsie partielle, qu’à la suite des attaques généralement beaucoup plus intenses de la soi-disant grande épilepsie ? Ceux qui ont fait cette objection n’avaient peut-être pas pris la peine de constater que chez la plupart des individus atteints de ladite grande épilepsie il existe à la suite des accès et même des vertiges un certain degré de parésie. Ils auraient peut-être été moins surpris de trouver de l’épuisement plus marqué dans l’épilepsie hémiplégique, s’ils s’étaient souvenus que l’épilepsie hémiplégique se produit fort souvent chez des individus hémiparétiques. On admet généralement que la fatigue se produit plus facilement chez les individus faibles, à système nerveux héréditairement ou congénitalement épuisé ; c’est ainsi que les impotences fonctionnelles se produisent plus souvent chez les dégénérés qui les acquièrent avec fort peu d’effort ; c’est un point sur lequel Gallard insistait avec raison à propos de l’impotence fonctionnelle des écrivains. On peut encore faire remarquer que, sous l’influence d’une cause débilitante générale, les muscles qui sont le siège d’une exercice plus habituel sont les plus sujets aux paralysies : Gubler a relevé que souvent les paralysies des maladies aiguës portent sur les muscles exercés professionnellement. Par conséquent la fréquence de la paralysie du côté de l’épilepsie partielle n’a rien qui soit contraire aux lois générales de la fatigue.

M. Hughlings Jackson a cherché à expliquer cette différence en disant qu’une décharge violente diffuse facilement, tandis qu’une décharge locale concentrée sur un point et sans diffusion doit amener plus aisément l’épuisement. À cette explication M. Gowers répond : « Mais il n’y a aucune évidence qu’une décharge légère de longue durée épuise davantage les éléments nerveux qu’une décharge plus intense, mais rapide. De plus, la comparaison d’une série de cas montre qu’il n’y a aucune relation entre la durée et l’intensité de la convulsion ou entre ces deux conditions et la faiblesse qui les suit ; que d’un côté nous pouvons avoir un spasme moteur intense et longtemps continué, avec une faiblesse consécutive très légère ; tandis que, d’un autre côté, une grande perte de forces peut succéder à d’autres attaques dans lesquelles il n’y a eu aucune convulsion et où l’accès consiste en une décharge purement sensitive. Dans ces cas, nous avons des paralysies transitoires sans aucun spasme moteur, c’est-à-dire que nous avons une activité des centres moteurs diminués sans qu’ils soient le siège d’aucune décharge. Nous devons considérer les centres comme retenus dans leur action ou inhibés[1]. » La première proposition de M. Gowers est incontes-

  1. Gowers, de l’Épilepsie, traduct. francaise, p. 163, 165.