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II

L’énergie et la vitesse des mouvements volontaires chez les épileptiques.

Si les hystériques dont l’exhausion nerveuse est le caractère prédominant sont des sujets de choix pour l’étude des phénomènes d’excitation, les épileptiques ne sont pas moins précieux pour l’étude des phénomènes d’épuisement.

À l’état normal, les épileptiques présentent souvent, comme les hystériques, une faiblesse remarquable des mouvements et un retard des réactions qui peuvent aussi prédominer d’un côté. Mais j’ai montré[1] qu’en dehors des cas exceptionnels de paralysie qui succèdent quelquefois aux décharges épileptiques, les accès convulsifs qui ne sont pas suivis d’excitation psychique laissent après eux une diminution de force musculaire qui persiste un temps variable après que le malade a repris connaissance. Les accès purement psychiques en apparence donnent d’ailleurs lieu à la même dépression consécutive qui porte sur toutes les fonctions.

L’épuisement qui succède aux paroxysmes épileptiques est surtout propre à montrer les rapports qui existent entre l’énergie et la vitesse des réactions volontaires,

Les troubles de la sensibilité des épileptiques présentent avec ceux des hystériques des analogies et des différences. Les analogies consistent en ce qu’ils affectent ordinairement la forme unilatérale et qu’ils portent souvent sur tous les sens : ils atteignent la sensibilité cutanée sous toutes ses formes, l’ouïe, le goût, l’odorat, la vision. La sensibilité visuelle peut être atteinte sous toutes ses formes, acuité visuelle, étendue du champ visuel, sensibilité à la lumière, sens chromatique. Mes observations sur ces différents points ne font que confirmer celles de Thomsen, Civadelli, Tonnini, Oseretzkowki, etc.

Malgré ces points de ressemblance, l’anesthésie des épileptiques paraît différer de celle des hystériques par plusieurs caractères. L’analgésie paraît plus marquée que les autres défauts de la sensibilité (Smoler). Au lieu de prédominer le plus souvent à gauche, comme chez les hystériques, ils semblent proportionnellement plus fréquents et plus marqués à droite (mancinisme sensoriel de Lombroso).

  1. De l’état des forces chez les épileptiques. (Comptes rendus de la Soc. de biol., 1888, p. 24.)