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CH. FÉRÉ.mouvements volontaires

Lorsqu’on l’étudie d’une manière précise en prenant le champ visuel, par exemple, on observe des changements considérables d’une heure à l’autre chez certains sujets. En général, l’anesthésie est beaucoup plus marquée le matin lorsque le malade n’a encore fait aucun exercice et n’a subi que peu d’excitations extérieures.

J’ai déjà essayé de montrer dans quelle mesure l’exercice musculaire et les excitations périphériques agissent sur la sensibilité des hystériques en même temps que sur la force musculaire, sur la circulation, la respiration. Ces effets, qui ne sont d’ailleurs qu’une amplification des phénomènes qui se passent aussi à l’état normal, peuvent se reproduire sous l’influence de représentations mentales, de rappels de sensation.

Il était à supposer que la durée du temps de réaction devait varier sous les mêmes influences, et que la mesure du temps pourrait donner un moyen d’objectiver en quelque sorte le phénomène de l’anesthésie variable des hystériques d’une façon nouvelle. C’est ce qui arrive en effet, et la comparaison de la durée de réactions homologues et des réaction croisées montre que les variations portent à la fois sur la durée de la transmission centrifuge et sur la durée de la transmission centripète[1]. Si on étudie, par exemple, la durée du temps de réaction aux excitations cutanées, on la voit influencée par les excitations de tous les autres sens, ou par les représentations de ces excitations, en particulier par les hallucinations provoquées, soit pendant le somnambulisme, soit pendant la veille. D’une manière générale, les excitations modérées ou agréables diminuent la durée du temps de réaction, les excitations très intenses ou pénibles l’augmentent. J’ai du reste en occasion d’observer sur moi-même cette même augmentation de la durée du temps de réaction sous l’influence de la douleur pendant une crise de migraine. L’action esthésiogène des excitations sensorielles, telles qu’une lumière vive, un éclairage coloré, rouge, l’odeur du musc, un son continu, etc. n’est pas durable. Au bout d’un certain temps, variable suivant les sujets, il se produit une sorte d’épuisement qui se traduit par un affaiblissement de la pression dynamométrique, de la sensibilité générale et par une augmentation de la durée du temps de réaction, c’est-à-dire par les mêmes phénomènes qui se produisent, chez un individu sain, à la suite d’un exercice violent, et, chez les hystériques, à la suite d’un exercice peu intense, mais qui suffit à amener la fatigue.

  1. Dans la plupart des expériences qui suivent, sauf mention spéciale, il s’agit de la réaction du pouce et des doigts se rapprochant pour rétablir un contact (chronomètre de d’Arsonval).