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UN NOUVEAU CAS


DE GUÉRISON D’AVEUGLE-NÉ


Dans les premiers jours du mois d’octobre 1888, une enfant aveugle de treize ans, Marie V., était envoyée de son pays, le village de Scaer, près de Quimperlé, à Paris, pour entrer à l’Institution nationale des Jeunes Aveugles. Par suite d’une erreur bizarre, cette enfant, en arrivant à la gare Montparnasse, fut dirigée, non pas sur l’Institution des Jeunes Aveugles, mais sur l’hospice des Quinze-Vingts, où elle fut admise à titre provisoire. Là on l’examina, et l’on reconnut que la cause de sa cécité était une cataracte congénitale susceptible d’être opérée, au moins pour l’œil droit, car l’œil gauche était irrémédiablement perdu. Sans tarder davantage, et moins de vingt-quatre heures après son arrivée, le Dr Trousseau endormait la jeune malade, et extrayait de son œil droit un cristallin ayant l’opacité et l’apparence extérieure d’un morceau de craie. Ceci se passait le vendredi 5 octobre. Le dimanche 7, M. Daguillon, interne aux Quinze-Vingts, qui avait donné des soins à l’enfant, levait le bandeau posé sur l’œil opéré, et constatait que Marie V. avait recouvré la vue, du moins dans la mesure où il était permis d’espérer qu’elle la recouvrerait, étant donné l’état de ses yeux. Voilà comment le hasard, qui fait quelquefois bien les choses, nous a mis en présence d’un cas nouveau intéressant pour le psychologue. Il n’y a pas du reste à se dissimuler qu’il n’y a plus que lui désormais qui puisse nous en procurer d’autres ; non pas que la cataracte congénitale opérable soit un fait extrêmement rare, mais parce que la science a reconnu l’utilité pour les malades de cette catégorie de les opérer de très bonne heure, vers l’âge de quatre ou cinq ans par exemple, c’est-à-dire à un âge où l’observation psychologique des nouveaux voyants est impossible. Tout ce que l’on peut espérer désormais, c’est de rencontrer de loin en loin, perdus au fond des campagnes, des aveu-