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rapprochée de celle d’une personne, grâce à quelques ressemblance& vagues ; ces ressemblances ne peuvent être encore abstraites des éléments qui composent l’idée de personne, les autres attributs de la personne suivent dans l’esprit ceux qui peuvent être considérés comme communs à la personne et au soleil. L’adhérence des éléments psychiques est trop grande, ils n’ont pas suffisamment de vie individuelle pour pouvoir se joindre à tel ou tel groupe d’éléments bien défini et parfaitement cohérent, mais le groupe qu’ils composent généralement reste tout d’une pièce et s’introduit dans tous les autres groupes qui ont besoin de quelques-uns de ses éléments au grand détriment de l’harmonie de l’ensemble. Il y a d’ailleurs des cas dans lesquels les éléments psychiques hétérogènes sont introduits volontairement ou par un instinct heureux dans le nouveau système, c’est lorsqu’ils fournissent une nouvelle force, une intensité nécessaire au fonctionnement de l’esprit ; — sans eux les autres éléments pourraient rester sans effet appréciable, soit à cause d’un manque d’habitude, soit à cause d’une disposition naturelle de l’esprit. C’est ainsi qu’une comparaison peut faire mieux entendre une proposition abstraite, bien que généralement elle la défigure quelque peu, mais, une fois que l’essentiel est compris, il arrive que l’esprit peut se débarrasser des éléments parasites qui l’ont aidé d’abord, qui le gêneraient ensuite.

Si nous analysons l’état d’esprit qui correspond aux formes inférieures de l’abstraction, nous voyons qu’il consiste dans une sorte d’enchevêtrement de deux groupes différents d’éléments psychiques qui ont quelques éléments communs, mais chez lesquels les différences créent une sorte d’incapacité à se combiner totalement dans un système harmonique. Max Muller a étudié et exagéré peut-être à certains égards le rôle religieux de la métaphore, mais nous pouvons concevoir l’extension de la métaphore et envisager non seulement les métaphores du langage, mais ce qu’on pourrait appeler les métaphores de l’esprit. Un mot après tout est un système de mouvements, une sorte de geste, un acte. Et nous pouvons supposer que, au lieu de se traduire par des mots, cette sorte de confusion de l’esprit se traduise par un autre geste, par un acte ; c’est supposer évidemment que la confusion par le langage, avant d’avoir été une cause de confusions intellectuelles, a d’abord été un effet d’autres confusions intellectuelles. Mais l’expérience prouve bien l’existence de ces confusions et aussi qu’elles se manifestent par des confusions du langage.

« J’ai fait à la Salpêtrière, dit Esquirol, l’ouverture du corps d’une femme lypémaniaque, laquelle avait cru, pendant plusieurs années.